X: une exposition (20 novembre 2020 - 2 janvier 2022) au Frac des Pays de la Loire


Pour la réouverture du site du Frac à Carquefou après plus d’une année de fermeture pour mener d’importants chantiers de collection et préparer l'ouverture prévue en février 2021 de son antenne à Nantes, le Frac des Pays de la Loire accueille un projet d’exposition de l’artiste Claude Closky, intitulé X.

«À l’invitation de Laurence Gateau de faire une exposition à partir de la collection du Frac des Pays de la Loire, j’ai conçu un projet centré autour des rythmes temporels, avec les œuvres de la collection, auxquelles j’ai ajouté des pièces empruntées à des artistes dont certains sont représentés dans le Frac et d’autres pas. Toutes ont en commun de poser un regard sur le déroulement du quotidien, sur l’incidence du temps dans le travail, ou d’adopter une temporalité spécifique dans leurs modalités d’exposition. Les dispositifs de visibilité mis en place tout le long de l’exposition de novembre à juin donneront au public la possibilité de partager deux formes de temporalité à l’œuvre : la représentation du passage du temps et le temps dont le geste artistique a besoin pour s’accomplir.

L'accrochage lui-même sera soumis à la durée de l’exposition, donnant à chaque œuvre son rythme. Les éléments successifs d'une série ou les parties d’une œuvre seront toujours présentés individuellement : un par jour, un par semaine, un par mois, etc. Cette manière d’exposer à tour de rôle chaque élément mettra l’accent sur la durée concrète du temps de travail. Et dans cet étalement, chaque partie vaudra pour le tout.

Ce dispositif se destine à éclairer le déploiement des œuvres dans le temps plus que la place qu’elles occupent dans l'espace, à diriger l’attention sur le moment vécu autant que sur son apparition. Il donne à l’accrochage une dimension performative.

Par ailleurs l'exposition présentera à égalité des travaux originaux, des éditions, et des reproductions d'œuvre. Cette égalité est une manière de placer le temps avant l’espace, et également de mettre la matérialité, et la rareté d’un objet au second plan.

Le titre «X» («multiplication» et «choix») donne sa forme au display d'exposition dans l'espace.»

Claude Closky
Ce site internet était le prolongement de l'exposition.

Il est réactualisé les mercredis, jeudis, vendredis et dimanches, jours d'ouverture du Frac.

Voir les œuvres présentées le 7 mars 2020.

Artistes:
Martine Aballéa
Boris Achour
John Armleder
Silvia Bächli
Julie Béna
Irma Blank
Eva Eszter Bodnar
Alighiero Boetti
Louise Bourgeois
Marie Bourget
Sophie Calle
Hsia-Fei Chang
Claire Chevrier
Claude Closky
Delphine Coindet
Anne‑Lise Coste
Hanne Darboven
David de Tscharner
Dector & Dupuy
Claire Dehove
Denicolai & Provoost
Mirtha Dermisache
Carole Douillard
Ernest T
Richard Fauguet
Hans‑Peter Feldmann
Esther Ferrer
Antonio Gallego
Dora Garcia
Marie-Ange Guilleminot
Raymond Hains
Helene Hellmich
David Horvitz
Pierre Huyghe
Fabrice Hyber
Ana Jotta
Véronique Joumard
Valérie Jouve
On Kawara
Annette Kelm
Martin Kippenberger
Karen Knorr
LAb[au]
Suzanne Lafont
Emmanuelle Lainé
Louise Lawler
Lefevre Jean Claude
Micah Lexier
Hanne Lippard
Peter Liversidge
G. Mahé et J.-P. Lemée
Genêt Mayor
Allan McCollum
Annette Messager
Aleksandra Mir
Jonathan Monk
Mrzyk & Moriceau
Julien Nédélec
Valère Novarina
Camila Oliveira Fairclough
Kristin Oppenheim
Bruno Peinado
Emmanuel Péreire
Benoit Platéus
Eric Poitevin
Hanna Putz & Sophie Thun
Patrick Raynaud
Silvana Reggiardo
Pierre‑Lin Renié
Rafaël Rozendaal
Jean‑Jacques Rullier
Matthieu Saladin
Yvan Salomone
Seth Siegelaub
Alfred Stieglitz
Mladen Stilinović
Batia Suter
Eva Taulois
Niele Toroni
Endre Tót
Penelope Umbrico
Sofi Urbani
Corinne Vionnet
Eric Watier
Elsa Werth
Heidi Wood
Auteurs anonymes
X: œuvres présentées le 7 mars 2020

David de Tscharner, ‘One Sculpture a Day’, 2012, installation, dimensions variables, 366 objets altérés.
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David DE TSCHARNER
Né en 1979 en Lausanne (Suisse), il vit à Bruxelles.

One Sculpture a Day, 2012, matériaux et techniques mixtes, dimensions variables

David de Tscharner multiplie sans complexe les moyens d’expression, de l’installation à la performance musicale en passant par le commissariat d’exposition. Son langage plastique prend racine dans l’imagerie cinématographique populaire de ce qu’on appelle un cinéma de « série B » que l’artiste se réapproprie en y glissant sa poésie. C’est dans un univers très enfantin et teinté d’autobiographie que l’artiste nous plonge.

En 2011-2012, David De Tscharner produit quotidiennement de nombreux dessins, esquisses, essais de sculptures et autres installations, qu’il décide ensuite de confier au regard des passants dans une vitrine construite pour l’occasion. C’est ainsi que débute le projet One Sculpture a Day keeps the Doctor Away. (Une sculpture par jour vous garde en bonne santé). «La première œuvre présentée est une vieille casserole où mijote une étrange mixture vert pop, métaphore de la pratique de l’artiste qui aime mélanger substances plastiques hautes en couleurs, objets trouvés et matériaux de rebut, de manière parfaitement ludique et décomplexée. Dès le jour suivant, la sculpture qui la remplace révèle un caractère nettement plus autobiographique: un visage de plasticine se fait ainsi éborgner par un morceau de bois… suite à une dispute amoureuse ». Il a également mis en place un site Internet 1sculpture1day.com sur lequel il publie chaque jour, pendant un an, les images de ses productions.


Fabrice Hyber, ‘Eau d’or. Eau dort. Odor.’, 1997, UR Éditions-Cyrille Putman, impression offset, 30,5 x 21,7 cm, 365 feuilles.
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Fabrice HYBER
Né en 1961 à Luçon , il vit à Paris.

Eau d'or, eau dort, ODOR, 1997, UR Éditions-Cyrille Putman, impression offset, 30,5 x 21,7 cm, 365 feuilles.

Fabrice Hyber est un artiste pluri-disciplinaire qui jongle souvent entre le monde de l'art et celui de l'entreprise : il met en place les POF (prototypes d'objets en fonctionnement) qui bousculent notre utilisation des objets du quotidien en les rendant absurdes. Il les commercialise avec sa propre société, « Unlimited Responsability ».

Eau d'or, eau dort, ODOR est le « story-board d'une télévision désirée », une œuvre qui a fait remporter le prestigieux Lion d'or de la Biennale de Venise à son auteur en 1997. À l'aide d'une équipe de plus de 35 personnes (coiffeurs, maquilleurs, …) l'artiste réalise 11 journées d'une télévision intitulée Canal en référence à Venise, le lieu de tournage. Le livre, sous forme de feuilles volantes, rassemble dessins, croquis et informations sur la mise en place des plateaux du pavillon français. À l'intérieur du pavillon, deux rangées de téléviseurs diffusaient simultanément des journées entières de tournage.


Valère Novarina, ‘Deux jours de dessins’, 1981, encre et crayon de couleur rouge sur papier, 1021 dessins.
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Valère NOVARINA
Né en 1947 à Genève, il vit à Paris.

Deux jours de dessins, 1981, Mille vingt et un dessins. Encre et crayon de couleur rouge sur papier inscription dactylographiée en haut de chaque dessin 21 x 18 cm chaque
Collection Frac des Pays de la Loire, acquisition en 1984

Valère Novarina est né d’un père architecte et d’une mère comédienne. Arrivé à Paris, il étudie à la Sorbonne la philosophie et la philologie. En 1974, il écrit sa première pièce de théâtre et enchaîne ensuite les dramaturgies théâtrales qu’il mettra, pour la plupart, en scène. Dans les années 1980, il rencontre Jean Dubuffet avec qui il entretient une correspondance. C’est alors qu’il intensifie sa production de dessins et de peintures. Il réalise ainsi plusieurs performances où il mêle dessin ou peinture, le texte, la musique ou encore la vidéo souvent étalé sur plusieurs jours.

C’est dans cette lancée, dans le cadre du IIIème symposium d’art performance de Lyon, qu’il réalise le 12 et 13 mai 1981 Deux jours de dessins. Durant ces deux jours, il dessine à profusion sur 1021 feuilles de même format, des dessins bicolores. Les traits noirs et rouges se superposent et se complètent créant des formes abstraites et dynamiques, toutes légendées à la machine à écrire. Accrochés les uns à côté des autres, les dessins forment un véritable espace pictural immersif.


Bruno Peinado, ‘Me, myself & I’, 2008, Editions Loevenbruck, paris, 16 x 21,5 cm, 1632 pages.
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Bruno PEINADO
Né en 1970 à Montpellier, il vit à Douarnenez.

Me, Myself & I, 2008, broché, couverture synthétique, 6 marque-pages ruban colorés 16 x 21,5 cm, 1632 pages, dont 714 illustrées couleurs. Édition Loevenbruck

L’œuvre de Bruno Peinado s’assimile à une vaste entreprise de recyclage de signes issus de notre univers contemporain, interrogeant le rapport que nous entretenons avec eux. Ses dessins, sculptures et peintures, samplent et téléscopent références télévisuelles, musicales, mainstream et histoire de l’art. C’est à partir de ces fragments que Bruno Peinado n’a de cesse de créer et de recréer, avec juste ce qu’il faut de poésie.

Me, Myself & I, livre d’artiste et premier ouvrage monographique de Bruno Peinado présente l’ensemble des carnets de dessins de l’artiste, de 1995 à 2005, véritable source de sa création. Chacune des séries de dessins est séparée par quelques pages de respirations graphiques. Le titre de l’ouvrage reprend le titre d’une série de dessins et appuie son caractère anthologique. Le livre est imprimé sur papier bible de manière à conserver le caractère léger du dessin tout en lui conférant une certaine sacralité.


Mrzyk & Moriceau, ‘A drawing a day keeps the doctor away!’, depuis 2014, flux instagram, un poste par jour.
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MRZYK & MORICEAU
Petra Mrzyk est née en 1973 à Nuremberg (Allemagne), Jean-François Moriceau est né en 1974 à St Nazaire, ils vivent à Montjean-sur-Loire.

A drawing a day keeps the doctor away, 2017, flux instagram (www.instagram.com-mrzyk_moriceau-)

“A drawing a day keeps the doctor away”, dessiner une fois par jour pour ne pas tomber malade : c’est en tout cas le remède que semblent prescrire les artistes Petra Mrzyk et Jean-François Moriceau en décrivant leur page Instagram. Chaque jour – ou du moins à intervalles réguliers – ils postent un dessin à caractère humoristique sur le réseau social. Leur trait simple, souvent en noir et blanc permet une publication aussi spontanée que surprenante.

Dans les années 90, le dessin retrouve une place dans l’art contemporain en puisant, comme le font les deux artistes, dans la bande-dessinée et le fanzine. Ils mettent alors en scène des personnages grotesques, des créatures hybrides : entre sexes mous, visages déformés et corps désarticulés, les dessins de Mrzyk & Moriceau nous amènent dans un univers décalé, plein de rires, d’étrangetés et de références à l’histoire de l’art autant qu’à la culture populaire.


Mrzyk & Moriceau, ‘Tout l'univers’, 2004,
Toaststink Press, Paris. 29,7 x 21 cm, 500 pages.
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MRZYK & MORICEAU
Petra Mrzyk est née en 1973 à Nuremberg (Allemagne), Jean-François Moriceau est né en 1974 à St Nazaire, ils vivent à Montjean-sur-Loire.

Tout l’univers, 2004, 29,7 x 21 cm, 500 pages Toaststink Press, Paris.

La pratique de Petra Mrzyk et Jean-François Moriceau s’ouvre sur le dessin comme médium privilégié et autorise toutes formes de fantaisies susceptibles de s’incarner sur différents supports. Leur œuvre propose un regard décalé sur le monde réel autant que sur la pratique du dessin elle- même.

Ils trouvent leur inspiration dans le réel des images : icônes du cinéma et de la télévision, logos et publicité, images de science-fiction, de bande-dessinée, et même du monde de l’art. Réalisé au trait noir, le dessin se déploie pour nous entraîner dans un univers exubérant et chaotique. Ce travail à quatre mains, qu’ils développent depuis 1998, traduit un processus intuitif qui semble répondre à une logique de la prolifération dans un univers en expansion permanente, autant à l’échelle de la page que du livre.


Eva Eszter Bodnar, ‘Sans titre (Frankfurt)’, 1993,
technique mixte sur papier, 40 dessins.
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Éva BODNÁR
Née en 1952 à Budapest, elle vit à Vienne.

Sans titre (Frankfurt), 1993, Ensemble de quarante dessins, technique, mixte sur papier dimensions variables.
Collection Frac des Pays de la Loire, acquisition en 1997

Après des études à l’Académie hongroise des Beaux-Arts, Eva Bodnár poursuit son parcours à l’Académie des Beaux-Arts de Vienne où elle intègre une masterclass menée par le peintre abstrait Wolfgang Hollegha, dont le principe de base : réfléchir avant et après la peinture, mais pas en la faisant, trouve son entrée dans le propre modus operandi de Eva Bodnár. Ses dessins puisent leurs racines dans le « milieu du théâtre, où les images dramatiques et théâtrales mènent à une peinture expressive ». Elle élabore un dessin dense qu’elle qualifie de dessin « avide d’informations » où sa main interprète sur la feuille ce que l’œil voit, sans traduction ni académisme, selon le lieu où elle se trouve.

Sans titre (Frankfurt), se compose de plus de quarante dessins à main levée. L’artiste dessine in situ, sur le vif. Elle ne cherche pas à être dans la perfection figurative mais laisse l’émotion guider ses traits, laissant transparaître les contours de ce qu’elle a pu regarder. L’œuvre foisonnante, comme déclinée en séquences, semble dérouler une cartographie mentale de la ville de Francfort, de ses détails et de ses habitants.


Genêt Mayor, ‘Sans titre’, 2006, feutre, crayon de couleur et stylo bille sur papier, 21 x 29,7 cm.
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Genêt MAYOR
Né en 1976 à Cheseaux où il vit.

Sans titre, 2006, feutre, crayon de couleur et stylo bille sur papier, 21 x 29,7 cm.

Genêt Mayor est animé par le goût de convier le monde dans son cartable, il met dos à dos l’art minimal et l’art brut. La récurrence des formes simples et les structures répétitives de certains protocoles de fabrication, évoquent de nombreux héritages théoriques de l’histoire de l’art contemporain. L’artiste développe une simplicité des moyens utilisés qui instaure une tension en conceptuel et littéralité.

Ces dessins à la typographie enfantine et maladroite sur feuilles de papier A4 standard, avec répétition du même motif, entretiennent un rapport ambivalent. Ces inscriptions au feutre sont animées de couleurs vives et entourées de motifs décoratifs simples. Les œuvres ont une structure formelle proche de celle des jaquettes maladroites des enregistrements de prouesses de rock lycéen ou des maquettes d’affiches de discothèques improvisées. Face à ces dessins, impossible de ne pas s’impliquer. Certains s’émerveillent avec délices des trésors ingéniosité requis pour la réalisation de certaines œuvres, d’autres éprouveront avec plaisir la vacuité révélée par l’absurde de certains partis-pris formels.




Marie-Ange Guilleminot, ‘Mes poupées’, 1996, édition Frac des Pays de la Loire, 23 vignettes mobiles, impression couleur, livre 22 x 16 cm, 52 pages. Photographies Pierre Leguillon, conception graphique Michael Gordon.
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Marie-Ange GUILLEMINOT
Née en 1960 à Saint-Germain-en-Lay, elle vit à Paris.

Mes Poupées, 1996, livre d’artiste, 52 pages, illustrations couleur, cartonné 15,7 x 22 cm. Édition Frac des Pays de la Loire. Photographies Pierre Leguillon, conception graphique Michael Gordon.

« Mes poupées sont des objets tactiles informes, à palper, arranger, pétrir jusqu’à leur trouver un volume propre. Offrandes, ces formes provisoirement accomplies et sans cesse avortées sont livrées aux mains de leur utilisateur. Les toucher, c’est leur donner une existence ; mais à force de caresses, on les fragilise, les amenant progressivement à leur disparition. Le talc, protection douce et dérisoire qui s’échappe à chaque geste s’avère témoin de cette apparition-disparition. »
Marie-Ange Guilleminot

Le travail de Marie-Ange Guilleminot s’articule autour d’une relation entre son propre corps, l’Autre - le public - et l’objet d’art. Au moyen de mises en scène et de dispositifs de mise en relation direct et sensuel, l’artiste interroge la notion de corps où elle actionne et transforme vêtements, gestes ou postures. C’est ainsi qu’en 1993, elle livre ses Poupées au regard à travers une pluralité de médiums : livre, photographie, objet sculptural à toucher et bande vidéo. Par une gestuelle presque chirurgicale, l’artiste manipule ses sculptures molles. Au contact des mains de l’artiste et sous l’œil du lecteur, les poupées, par leur couleur chair et leur forme ambivalente se dotent d’une sensualité presque érotique.


Richard Fauguet, ‘Argos’, 2018,
édition Frac des Pays de la Loire, 30 x 21,5 cm, 120 pages.
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Richard FAUGUET
Né en 1963 à La Châtre (Indre), il vit à Châteauroux.

Argos, 2018, 120 dessins au tampon bleu 30 x 21,5 cm, 120 pages. Édition Frac des Pays de la Loire

Richard Fauguet puise ses références dans la culture de masse, sous sa forme littéraire aussi bien que cinématographique : formes mutantes, mixtes, et perturbations d’échelle constituent le répertoire de ses thématiques. L’artiste retranscrit une imagerie du quotidien selon une fantaisie singulière, fondée sur une distance lucide et amusée vis-à-vis de la réalité.

Souvent utilisés à contre-emploi, les matériaux donnent lieu à des formes de métamorphoses. Dans la pratique de Richard Fauguet, le dessin occupe une place centrale. Habitué des pas de côté, l’artiste utilise des supports inattendus : nappes en papier, rince-doigts, lasagnes ou encore des draps mais aussi des outils peu conventionnels comme le tampon encreur avec lequel il réalise ces dessins d’une composition surprenante de finesse et gorgée d’humour.


Suzanne Lafont, ‘Quoting sixty pages of Guide to Shopping, Project on the City 2, Harvard Design School. 2014,’ 2014, 60 photographies, chacune 30,26 x 42,12 cm.
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Suzanne LAFONT
Née en 1949 à Nîmes, elle vit à Paris.

Quoting sixty pages of Guide to Shopping, Project on the City 2, Harvard Design School. 2014, 2014, 60 photographies, 27 x 39 cm chaque

Récits entrecoupés, montages elliptiques et photographie séquentielle, Suzanne Lafont utilise la photographie comme une manière de réinventer la narration. Ses images ne sont pas contemplatives mais actives. C’est ainsi qu'elle travaille également sur les récits du corps comme par exemple sa série Le Bruit (1990) qui met en scène de façon théâtrale des personnes qui tentent d'échapper à l'emprise de la parole en se couvrant les oreilles ou la bouche.

Avec ‘Quoting sixty pages of Guide to Shopping (…)’ Suzanne Lafont reprend des sujets anciens de son travail: le temps, la fiction, l'argent. Elle photographie double-page après double-page la célèbre publication ‘The Harvard Guide to Shopping’ qui se conclue par les mots: «Peut-êre le début du XXIe siècle entrera dans les mémoires comme le moment où l'urbain ne pouvait plus être compris sans le shopping». Les cadrages de l'artiste irréguliers et indifférents aux reflets du papier glacé du livre piègent l’esthétique de la consommation et ses fictions créées par le capital.


John Armleder, ‘About Nothing’, 2005,
JRP Ringier, 28,6 x 22,2 cm, 1248 pages.
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John M. ARMLEDER
Né en 1948 à Genève (Suisse), il vit à Genève et New-York.

About Nothing, 2005, JRP Ringier, 28,6 x 7 x 22,2 cm, 1248 pages.

Après une pratique essentiellement collective (avec le groupe Écart, 1969, qui revendique l'indistinction entre l'art et la vie), John M. Armleder devient célèbre pour son travail personnel avec la série des Furnitures Sculptures qui allient peinture et mobilier : tapisseries et fauteuils se mêlent ainsi à des peintures abstraites. Il est proche du mouvement Fluxus et néo-géométrique (un courant artistique qui a émergé dans les années 80 et qui prône l'utilisation d'objets domestiques comme matériaux de création, leur faisant perdre leur fonction utilitaire).

Si l'ouvrage de John M. Armleder About Nothing est « à propos de rien » il n'en est pas vide pour autant : l'artiste y rassemble plus de 600 dessins accumulés au cours des 42 dernières années avant sa parution, de 1962 à 2004. Cette rétrospective monumentale, ce livre d'artiste rassemble les expériences de jeunesse de l’artiste comme celles des années 2000, en passant par la période Fluxus et « Néo-Géo ». Ses dessins explorent des références à l'art du XXe siècle : Paul Klee, Malevitch, Pollock…. Ce voyage dans l'histoire de l'art consituant pour Armleder un moyen d'expérimentation.


Esther Ferrer, ‘Autoportrait dans le temps’, 1981-2014, vidéo, muet, présentée sur écran plat, 7 min 50s.
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Esther FERRER
Née en 1937 à San Sebastián (Espagne), elle vit à Paris.

Autoportrait dans le temps, 1981-2014, vidéo, noir et blanc, muet, 7 min. 50s.
Collection du Frac Franche-Comté.

Esther Ferrer est l’une des pionnières de la performance et de l’art action. Elle rejoint le groupe Zaj en 1967, mouvement proche de Fluxus qui s’ancre dans une pratique artistique minimaliste et conceptuelle. L’art et les performances d’Esther Ferrer sont peuplés d’objets ordinaires qu’elle place méticuleusement dans l’espace, jouant à créer des situations absurdes.

L'œuvre présentée fait référence à une série de 49 photographies contrecollées sur aluminium intitulée Autoportrait dans le temps qu’elle a entrepris en 1981. Depuis cette date, l’artiste réalise un portrait frontal d’elle tous les cinq ans. Pour réaliser cette vidéo, elle coupe une moitié de chaque portrait qu’elle superpose avec ceux réalisés les années précédentes et crée le va-et-vient du regard du spectateur entre les différents moments de sa vie. L’autoportrait est une manière pour l’artiste d’aborder la représentation de soi à travers la question du temps sans pour autant guider le spectateur vers une interprétation.


Silvia Bächli, ‘Lidschlag – How It Looks’, 2004,
Lars Müller Publishers, Baden. 30 x 23 cm, 304 pages.
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Silvia BÄCHLI
Née en Suisse en 1956, elle vit en France, en Suisse et en Allemagne

‘Lidschlag – How It Looks’, 2004, Lars Müller Publishers, Baden. 30 x 23 cm, 304 pages, 211 images

La production artistique de Silvia Bächli se concentre exclusivement sur les dessins et la peinture sur papier dont elle explore toutes les formes d’expression. Avec une pratique presque rituelle du dessin, la même depuis des années, elle se poste en observatrice de ce qui l’entoure ainsi que de ses sentiments et produit une abondance d’images avec des nuances de gris sur différents papiers blancs.

Sa technique est intuitive et laisse place au hasard des formes qui se laissent seulement parfois reconnaître. Elle commence par réaliser un « premier jet » avant de procéder à un jugement de ses dessins : ceux qu’elle n’apprécie pas seront détruits. Elle les met ensuite en relation les uns avec les autres en créant un « réseau » pour trouver un équilibre entre eux. L’installation de ses dessins, souvent sur un mur blanc, parfois dans des vitrines ou simplement classés dans les archives de l’artiste occupe une place très importante dans son processus de création.


Martine Aballéa, ‘Prisonnière du sommeil’, 1987,
Flammarion, Paris, 18 x 11 cm, 112 pages.
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Martine ABALLEA
Née en 1950 à New-York (États-Unis), elle vit à Paris.

Prisonnière du sommeil, 1987, Flammarion, Paris, 112 pages.

Photographies rehaussées à l'huile, installations aux couleurs proches du rêve, les pratiques de l'artiste franco-américaine Martine Aballéa sont multiples. Physicienne de formation, elle s’inspire du caractère foncièrement imaginaire des théories scientifiques pour en appeler à la liberté du spectateur et jouer avec les minces frontières qui séparent le vrai du faux. Elle invente ainsi des bâtiments (comme l’Hôtel Passager, 1 9 9 9 ) d e s p a y s a g e s o u d e s o b j e t s chimériques autant que des récits fictionnels.

Appartenant lui aussi au domaine des songes, cet ouvrage regroupe cinquante rêves entre humour décalé et inquiétante étrangeté. Mystérieux liquide rose, café empoisonné, « Vacances en Palourde », vagues écrasantes et rencontres intrigantes : nous nous retrouvons immergés dans l’inconscient impénétrable de l’artiste. Dédicacé à une ombre mystérieuse, le livre nous plonge dans l’intime et le quotidien du sommeil sans nous en révéler pour autant tous les secrets.


Hsia-Fei Chang, ‘32 Portraits : Place Du Tertre, Montmartre’, 2006, Onestar press, 30 x 21 cm, 64 pages. Portrait n° 16.
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Hsia-Fei CHANG
Née en 1973 à Taipei (Taïwan), elle vit à Paris.

32 Portraits, Place Du Tertre, Montmartre, 2006, Onestar press - Galerie Laurent Godin, Paris 64 pages, 21 x 29,7 cm.

Hsia-Fei Chang est une artiste aux pratiques diverses : performances, installations, photographie, vidéo, écriture… Son travail aborde avec humour des thématiques comme les stéréotypes de genre et les stéréotypes culturels en jouant volontairement avec l’esthétique du kitch. En 2005, elle fait par exemple produire 85 Tee-shirts avec des messages provocateurs comme «Tous les chinois se ressemblent», «Je n'aime pas les pauvres» ou encore «Je suis lesbienne».

Cette édition est composée de 32 portraits de l’artiste réalisés par des dessinateurs de rue de la place du Tertre à Montmartre. Elle propose ainsi un gigantesque portrait d’elle-même avec des traits variables selon la patte des portraitistes. Elle questionne ainsi le rôle de l’artiste en formant une œuvre réalisées par d’autres personnes. De la même façon, en 2004, elle interrogeait le concept même de création en publiant le journal intime de l’une de ses anciennes collègues de travail La Biographie de Sandra.


Martin Kippenberger, ‘Hotel-Hotel’, 1992,
Editions Walther König, 29,8 x 21 cm.
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Martin KIPPENBERGER
Né en 1953 à Dortmund (Allemagne), il décède en 1997.

Hotel-Hotel, 1992, Cologne (Köln), Editions Walther König, 29,8 x 21 cm.

Protéiforme et inclassable, Martin Kippenberger a expérimenté divers supports : la peinture, la sculpture, le collage, l'installation, la gravure, …. Volontairement provocateur, il revendique le statut de «premier des peintres de second ordre » et change régulièrement de style pour ne pas être inscrit dans une catégorie définie.

Hotel-Hotel est le premier volume d’une trilogie d’éditions des dessins de l’artiste, suivi de Hotel- Hotel-Hotel et de No Drawing No Cry. Avec des moyens techniques simples, il dessine sur de la papeterie d'hôtel qu'il récupère. Le trait est plus ou moins esquissé et parfois accompagné de textes. L'artiste retrace ses idées du moment, ses projets d’exposition et permet de rapprocher le lecteur de son quotidien. Des centaines de dessins s'accumulent pour esquisser une temporalité, retracer des moments et des itinéraires à la manière d'un carnet de voyage.


Benoit Platéus, ‘Rêves’, 2009, Editions Keymouse, 21 x 15 cm, 44 pages.
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Benoit PLATEUS
Né en 1972 à Liège (Belgique), il vit à Bruxelles.

Rêves, 2009, Éditions Keymouse, 21 x 15 cm, 44 pages.

Benoit Platéus s'intéresse aux nouveaux médias : cinéma, bande dessinée, photographie… La reproductibilité technique n'enlève rien à l'œuvre. Il bricole, dessine, gribouille et cherche à détourner les codes de l'art contemporain en passant par des circuits plus informels : il regroupe par exemple des dessins, photographies et textes qu'il condense sous la forme de journaux photocopiés à peu de frais intitulés One Inch Off.

On retrouve cette façon d'associer texte et image dans l'édition de ses Rêves. Il y présente le récit d'un rêve en parallèle d'un mot ou une phrase, les mots choisis font directement référence au rêve. Ainsi, lorsqu'il rêve qu'une avalanche est proche de lui, le mot « proche » se met à dégringoler tandis que lorsqu'il est engoncé dans un escalier étroit, les lettres semblent prises au piège dans un tuyau. Il intègre également à cette édition des pages de bandes-dessinées sur lesquelles il colle des images de magazines en jouant en permanence sur le fil de l'absurde.


Jean-Jacques Rullier, série ‘Les rêves’, 1993, encre et crayon de couleur sur papier, 59,3 x 49,2 cm.
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Jean-Jacques RULLIER
Né en 1962 à Bourg-Saint-Maurice. Il vit à Paris.

Serie Les rêves, 1993-1994, encre et crayon de couleur sur papier encadré sous verre, 5 dessins 59,3 x 49,2 x 1,6 cm chacun.
Collection du Frac des Pays de la Loire, acquisitions en 1994.

La plupart des dessins de Jean-Jacques Rullier ont à voir avec l’espace et les expériences humaines qui s’y inscrivent. Espace réels ou imaginaires bien que la frontière entre les deux ne soit pas toujours aussi nette.

Concernant la série de dessins présentée ici, l’artiste demande qu’on lui confie un rêve que l’on garde en mémoire puis, s’il le juge intéressant, il réalise la représentation graphique d’un de ses moments clé. Le fragment retenu évoque le plus souvent un temps de passage et de transformation (d’une matière en une autre, de la vie à la mort, etc.). On retrouve ici cette fascination de l’artiste pour les frontières et tous les lieux de bascule.

Les dessins de rêves que possède le Frac montrent un bestiaire en proie à toutes sortes de mutations : Le rêve du poisson pêché (qui devient pierre) ou encore Le Rêve de la cuillerée transformée en insectes. Entre également dans le choix de ces moments visuels forts, outre leur tendance à la mutation, une réelle prise en compte de la dimension sensorielle : le toucher, par exemple, que l’activité onirique sait si bien restituer, mais aussi le goût, l’odorat, etc. On admet que les rêves sont un fait de langage autant qu’une représentation et Jean- Jacques Rullier accorde un soin tout particulier à la formulation du songe. C’est le langage (et malgré la limitation inhérente à toute langue) autant que le dessin qui sous-tend cette entreprise conceptuelle et sensible, microscopique et panoramique à la fois.


Louise Bourgeois, ‘The Insomnia Drawings’, 2000, Daros Editions, Zurich, 33 x 25,4 cm, 448 pages.
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Louise BOURGEOIS
Née en 1911 à Paris, elle décède en 2010.
Insomnia Drawing, 1994- 1995, Daros Editions, Zurich (Suisse). 2 volumes (448 et 132 pages).

Artiste franco-américaine mondialement reconnue, Louise Bourgeois est célèbre pour ses sculptures et notamment ses araignées monumentales et protectrices. Cependant, le dessin occupe une place essentielle dans son processus créateur. Elle le nomme elle-même « pensée-plume » puisqu'il permet une rapidité d'exécution qui fixe la pensée au vol avant d'entamer une sculpture.

Insomnia Drawings regroupe 220 dessins réalisés de Novembre 1994 à Juin 1995 sur différents types de papiers qu'elle gardait près de son lit. Traces de ses nuits sans sommeil, ils constituent une façon de se libérer des pensées envahissantes, de fixer ses idées et d’évoquer le quotidien avec humour. Les motifs réguliers et répétitifs (vagues, spirales, végétation, bâtiments) s’entremêlent avec des notes ou des poèmes et donnent accès à une certaine intimité avec les pensées de l’artiste. Fille de restaurateurs de tapisseries, elle semble s’inspirer de la couture avec un trait qui se déploie comme une multitude de fils.


Helene Hellmich, ‘Book of Dreams’, 2014, crayon sur papier, 24 x 30 cm, livre de 200 pages.
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Helene HELLMICH
Née en 1986 à Wolmirstedt (Allemagne), elle vit à Berlin.

Traumbuch [Book of Dreams], 2014, 200 pages, graphite sur papier, 24 x 30 cm.

Le travail d'Helene Hellmich porte sur les liens, les connexions entre les différents objets. À partir de cela, elle construit ce qu’elle appelle des «Musées» : collections de dessins, images, objets trouvés, films. Elle compare d’ailleurs son travail à un cabinet de curiosités ou à une toile Internet car des objets hétéroclites peuvent y être réunis.

Son Book of Dreams fait partie de sa série des "Traumzeichnungen" (dessins de rêves) qu’elle rassemble de différentes manières : en cartes des rêves ou, ici, en livre. Dès qu’elle se réveille avec le souvenir d’un rêve fait dans la nuit, elle pose sur papier le lieu, l’architecture ou les objets gardés en mémoire. Réalisé en 2014, son Book of Dreams rassemble 195 des divagations nocturnes de l’artiste dessinées directement au crayon gris sur le papier du livre. Ses songes semblent vides, aucun personnage ne les habite tandis que l’architecture ou les paysages paraissent hésitants, instables et traduisent le souvenir vacillant au réveil.


Martine Aballéa, ‘menu’, ephemera, 15 x 14 cm.
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Martine ABALLÉA
Née en 1950 à New-York (États-Unis), elle vit à Paris.

[Menus], 1997, offset, dimensions variables.

Sorcière expérimentée ou scientifique aventureuse ? Martine Aballéa n'en est pas à sa première élaboration de recettes étranges : Bouillie brillante, Sel de tempête, Gâteau magnétique croustillant, elle invente des potions magiques, propose un protocole pour se faire liquéfier. L'artiste se sert des objets qui nous entourent au quotidien : cartes postales, affiches etc. et reprend certains stéréotypes de texte pour les détourner. Ses Menus introduisent de l'onirisme dans la réalité. À l’instar de son « Gouter Dangereux », des breuvages « Rumeurs antiques » et « Jeux de Vapeur » qui nous conduisent dans un univers où le réel est hanté de visions troubles et fantasmées. Le langage poétique que manie l’artiste change de registre, tour à tour burlesque, drôle, absurde ou teinté de mélancolie.


Eric Poitevin, sans titre, 2020, c. print, 48,3 cm x 32,9 cm.
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Eric POITEVIN
Né en 1961 à Longuyon, il vit dans la Meuse.

Assiettes, 2020, c-print, 60 x 40 cm.

Eric Poitevin porte son regard sur des sujets qui en appellent à la sensibilité du spectateur : il photographie des animaux morts écrasés par des voitures – comme arrêtés en pleine course ou en plein vol – des sous bois mystérieux et interdits d'accès qui semblent garder mémoire de la guerre 14-18. Ses photographies, souvent sans titres, appellent à regarder au-delà de la simple représentation d'un animal, d'un paysage ou d'un visage pour s'interroger sur ce qui fait image.

Sa série des assiettes vides s'attarde elle aussi sur le thème des traces, du souvenir. Il photographie les plats servis par le chef cuisinier Michel Troisgros une fois mangés par ses clients : traces de sauce, d'aliments laissés dans un coin de l'assiette, os ou coquilles... les restes de ces repas révèlent beaucoup de leur consommateurs. Il accorde de l’importance à des traces habituellement destinées à être effacées qu'il décrit comme un « Concentré d’informations mis à l’écart, au lavage, à l’effacement».


On Kawara, ‘I Met’, 2004, mfc-michèle didier, 21 x 14,8 cm, 4790 pages, set de 12 volumes.
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On KAWARA
Né en 1933 à Kariya (Japon) il décède en 2014.

I met, 2004, mfc-michèle didier, Bruxelles. Set de 12 volumes, 4790 pages au total, 21 x 14,8 cm chaque volume.

On Kawara est un artiste conceptuel japonais célèbre pour sa réflexion sur le temps. On le cite notamment pour sa série Date Paintings, des œuvres qui figurent uniquement la date à laquelle la peinture a été faite.
I met (j’ai rencontré) est un relevé méticuleux et chronologique des rencontres de l'artiste avec les personnes avec lesquelles il a échangé, relevé qu'il entame le 10 mai 1968 et termine le 17 septembre 1979. Les pages, tapées à la machine, précisent avec exactitude le nombre de jours consécutifs passés dans un même endroit, un changement de localisation est stipulé par un intercalaire gris.


On Kawara, ‘I read’, 2008, mfc-michèle didier, 28,65 x 23,1 cm, 3272 pages, set de 6 volumes.
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On KAWARA
Né en 1933 à Kariya (Japon) il décède en 2014.

I read, 2017, mfc-michèle didier, Bruxelles. Set de 6 volumes, 3272 pages au total, 28.65 x 23.1 x 5.1 cm chaque volume.
Collection Françoise et Jean-Philippe Billarant.

Dans une démarche différente de celle de sa trilogie I Met, I Went et I Got up, On Kawara envisage I read (j'ai lu) comme une partie de sa ‘Today Series‘, dont font partie, en miroir, ses Date Paintings: des peintures de l’artiste qui figurent uniquement la date à laquelle la peinture a été réalisée. I read donc consiste en un regroupement scrupuleux des articles de journaux hétéroclites qu'il a lus et annotés dans 6 volumes. Il commence sa collection en 1966 et la complète jusqu'à sa mort. Rassemblant des articles de chaque jour liés uniquement par leur date, On Kawara élabore un journal très personnel, inscrit à la fois au cœur de son quotidien et en lien direct avec sa production plastique puisqu'il note la date à laquelle il a produit une Date Painting sur chaque page de son journal de lectures, quitte à inscrire une date qui ne correspond pas avec celle de la parution du bulletin.


Claude Closky, ‘Fake News’, 2018, site internet.
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Claude CLOSKY
Né en 1963 à Paris, vit à Paris.

Fake News, 2018, site internet (closky.info/fakenews)

Souvent parti d’une observation du quotidien et des médias, Claude Closky s’empare des codes de la publicité et de ses injonctions, des routines, des systèmes de classement qui rythment l'existence, devenus si familiers que l’on n’y prête plus attention. Il reprend en les déplaçant ou en les isolant nos grilles de représentation. Ainsi il imagine 100 photos qui ne sont pas des photos de chevaux ou encore les 1000 premiers nombres classés par ordre alphabétique.

Le travail de Claude Closky s’ancre dans la pratique du dessin et utilise des techniques traditionnelles comme numériques, en faisant se rencontrer le geste contrôlé et l’aléatoire. Avec un stylo sur une feuille A4 ou au doigt sur un écran de smartphone, ses dessins sont parfois explicités par une légende mais invoquent très souvent l’interprétation de celui qui regarde. Fake News est un répertoire de dessins aux formes abstraites qui semblent évoquer les compositions de Vassily Kandinsky autant que les tweets de Donald Trump. Comme des flashs info, à chaque minute un dessin laisse la place à un autre.


Sofi Urbani, ‘Le (R)éveil amoureux’, 2006,
plexiglass rouge, 15 x 12 x 7 cm.
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Sofi URBANI
Née en 1972 à Gassin, elle vit à Marseille.

Horloge amoureuse, 2018, horloge industrielle détournée avec un programme électronique.

« Adolescente, j'ai entendu parler d'une légende urbaine racontant que lorsqu'on regarde une horloge et que les heures et les minutes sont identiques, quelqu'un pense amoureusement à vous. »

C'est donc en prenant au pied de la lettre cette superstition que Sofi Urbani décide de déjouer le hasard et d'arrêter le temps pour qu'il ne soit plus qu'éperdument amoureux. L'horloge, affichant toujours des couples de chiffres identiques avance donc toutes les une heure et une minute.

En plus des légendes urbaines, Sofi Urbani est une artiste protéiforme qui puise son inspiration dans les théories scientifiques et les éléments naturels qui nous entourent en les abordant avec un regard poétique. En 2013, elle crée ainsi un sablier mesurant le temps qui ne passe pas ou encore, la même année, une sculpture de chaussures phosphorescentes intitulée Je crois que j'ai marché sur la lune qui évoquent la rêverie et l'imaginaire artistique autour de la figure de la lune.


Julien Nédélec, ‘Missing time’, 2015, écran plat, logiciel.
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Julien NÉDÉLEC
Né en 1982 à Rennes, il vit à Nantes.

Missing time, 2015, logiciel.
Collection Kerenidis Pepe.

Julien Nédélec est un artiste qui manie des techniques variées pour détourner le quotidien et jouer avec le territoire de l'absurde. Proche des artistes de l’OuLiPo, de l’art conceptuel et du minimalisme, il manie le langage, transforme le sens en non-sens – ou tout au moins en un sens différent –, s’amuse des renversements sémantiques et brouille continuellement les pistes. On peut notamment penser à son Alphabet de Babel (réalisé en 2009) qui regroupe 12 alphabets différents du Russe au Grec en passant par le Latin, tous superposés au point de devenir illisibles.

Son œuvre Missing time est une horloge qui fait défiler toutes les combinaisons non utilisées par une horloge « traditionnelle ». Elle change toutes les minutes pour atteindre un cycle complet de 356 années et questionne ainsi notre rapport au temps et à notre manière de le quantifier.


Corinne Vionnet, ‘Souvenirs d’un glacier’, 2020, Rrose edition, impression couleur sur Papyrus Multi Art Silk, 22 x 33 cm, 12 pages.
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Corinne VIONNET
Née en 1969 dans le Valais (Suisse), elle vit à Vevey.

Souvenirs d'un glacier, 2020, RRose editions, impression couleur sur Papyrus Multi Art Silk, 22 x 33 cm, 12 pages

Les photographies de Corinne Vionnet vont au delà de la représentation, elles nous livrent une véritable réflexion sur la surconsommation des images et notre rapport au souvenir. Elle questionne par exemple les « photos souvenirs » des monuments célèbres pris par les touristes aux quatre coins du monde en les superposant jusqu'à ce qu'elles donnent l'impression de n'être qu'une seule et même image dans sa série Opportunities débutée en 2005. Les monuments deviennent des abstractions, photographiés pour le symbole qu'ils représentent, jusqu'à en épuiser l'image.

Dans une même idée d'accumulation d'images, l'édition de Souvenirs d'un glacier, provient d'une série de cartes postales du glacier du Rhône récoltées entre 2015 et 2019 par l'artiste. La prise de vue, toujours la même, révèle la fonte du glacier et introduit une autre dimension à l'œuvre de Corinne Vionnet. En voyant l'image du glacier s'effacer peu à peu, l'artiste nous conduit à une réflexion sur le temps et sur des enjeux écologiques.








Hanne Lippard, ‘FAQ U’, 2012, installation sonore, mono, 30 secondes.
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Hanne LIPPARD
Née en 1984 à Milton Keynes (Angleterre), elle vit à Berlin.
FAQ U, 2012, installation sonore, mono, 30 secondes.

Hanne Lippard a juré fidélité à un médium unique, le langage, comme matière première qu’elle décline en textes, performances vocales, installations sonores, objets imprimés ou sculptures. Son travail s’inscrit dans une riche histoire de l’utilisation performative de la voix. Influencée par son propre environnement, Hanne Lippard y extrait une phrase, un slogan qu’elle incarne, manipule et accidente par l’oralité, la répétition, l’exagération. Le texte se transcende vers une réalité plus abstraite comme peut le faire une graphiste, rendant la langue malléable.

FAQ U est une piste sonore extraite de son album Work où Hanne Lippard s’approprie une variété de textes typiques de l’ère numérique : répondeurs automatiques, FAQ, publications sur les réseaux sociaux, spams générés par des robots,… Ici, sur un rythme éffréné, l’artiste parle du temps, le questionne tout en le mettant en perspective, l’humanisant presque : où est-il, qui est-il ?


Jean-Jacques Rullier, ‘12 astros’, 2006, CDLA, Saint-Yrieix-la-Perche, 24 pages, 18 x 26 cm.
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Jean-Jacques RULLIER
Né en 1962 à Bourg-Saint-Maurice, il vit à Paris.

12 astros, 2006, 24 pages, 18 x 26 cm. 50 exemplaires CDLA, Saint-Yrieix-la-Perche

Ancien élève de Christian Boltanski, Jean-Jacques Rullier développe un travail scrupuleux de collecte de lieux, d’actions, d’objets ou d’images de la vie quotidienne. Constituée sur un mode encyclopédiste, la démarche de l’artiste est à la frange entre cartographie, poésie et anthropologie et nous incite à réapprendre, à redécouvrir le déjà connu, à connaître à nouveau. Les matériaux employés par l’artiste, depuis toujours se distinguent par leur simplicité : objets, images de la vie quotidienne comme des pièces de maison, des devantures de petits commerces, des ustensiles ou des outils, etc. Du pauvre, de l’insignifiant, de l’habituel invisible qu’il utilise comme des moyens de visualisation du monde.

Dans la production de Jean-Jacques Rullier, le livre d’artiste, comme l’auto édition, occupent une place centrale. Dans le sillage des collections de 10 questions (1997), 10 chemins (1997), 10 fonctions (1997), 10 épreuves (1999), 10 boucheries (1998) s’ajoute 12 astros. Page après page, Jean- Jacques Rullier énumère les 12 signes astrologiques sous le prisme du jeu à gratter.


Dora Garcia, ‘Les fins du monde’, 2006, in JRP Ringier ‘In-Visible – FRAC Lorraine, Collection – Productions,’ page 336.
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Dora GARCIA
Née en 1965 à Valladolid (Espagne), elle vit à Barcelone.

Les fins du monde, 2006, in JRP Ringier In-Visible – Frac Lorraine, Collection – Productions, page 336.

Pour mettre en scène récits et fictions, Dora Garcia s’empare de l’écriture autant que de la vidéo et de la performance. Elle travaille à partir de textes, de documents d’archives, d’éléments sonores qu'elle utilise pour questionner la société.
Influencée par l’art conceptuel et en particulier par le travail de Dan Graham, elle s'intéresse à l’implication du spectateur dans son œuvre en utilisant très souvent l’image filmée de celui-ci. Steal This Book (2009) propose par exemple au visiteur d'une exposition de voler l’ouvrage en évitant le gardien de la salle. Les fins du monde est constitué d'un regroupement de différents textes qui évoquent un avenir apocalyptique sur un ton alarmiste. Ce patchwork de récits forme un ensemble étrange, que l’on croirait tout droit sorti de l’imaginaire alors qu’il provient tout au contraire d’articles de presse collectés par l’artiste.


Rafaël Rozendaal, ‘Future is Uncertain’, 2013, site internet (www.futureisuncertain.com).
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Rafaël ROZENDAAL
Né en 1980 à Amsterdam (Pays-Bas), il vit à New York.

Future is Uncertain, 2013, site internet passif (www.futureisuncertain.com)

Rafaël Rozendaal s’interroge sur les possibilités qu’offre Internet mais aussi sur ses limites. En constante évolution, les sites internet ne s’inscrivent pas dans le temps de la même manière que les autres œuvres d’art : ils s’adaptent en permanence aux nouvelles exigences de l’époque et ne restent pas fixes. Comme des toiles abstraites, les sites Web de Rafael Rozendaal s’offrent aux yeux du spectateur sans chercher à délivrer de message, proposant ou non une interaction avec lui, toujours dans un autre rythme, une autre temporalité que la vidéo ou le cinéma.

Ici, des parcelles rouges, roses et vertes se succèdent inlassablement : on comprend alors le titre Future is uncertain lorsque que l’on tente infructueusement de prévoir la couleur qui suivra. On peut voir l'image du temps qui passe irrémédiablement sous entendue dans le titre de l’œuvre en observant une perspective qui avance sans que nous bougions.


Heidi Wood, ‘Oracle’, 2020, site internet.
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Heidi WOOD
Née en 1967 à Londres, elle vit à Paris.

Oracle, site internet (www.heidiwood.net/en/oracle/)

Heidi Wood collectionne les images pour se les approprier, s’intéresse aux musées du monde entier et récolte également des images de paysages des banlieues qu’elle représente sous forme de pictogrammes. Quant à son oracle, il est bien loin de nous prédire une bonne aventure, bien au contraire.

Les prédictions de l’artiste londonienne jonglent entre dictons incongrus, conseils absurdes « Apprenez à vivre avec de l’eczéma » et mauvais augures « Tous vos progrès vont partir en fumée ». Les cartes tirées par l’algorithme surprennent presque autant que ses prédictions : œuvres d’art effrayantes, personnages célèbres ou au contraire inconnus capturés par une photographie amateure : la visite de cet étrange oracle en ligne n'est pas sans engendrer des questions chez qui ose le visiter. Avec humour, elle introduit des références à l’actualité : masques et gels hydroalcooliques se mêlent aux images choisies par l’artiste.


Peter Liversidge, ‘Festival Proposal’, 2006, Editions Ingleby Gallery, Edinburgh, 21 x 17 cm, 112 pages.
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Peter LIVERSIDGE
Né en 1973 à Lincoln (Royaume-Uni), il vit à Londres.

Festival Proposal, 2006, Éditions Ingleby Gallery, Edinburgh, 21 x 17 cm, 112 pages

Porté par son imagination foisonnante qu'il illustre sur les touches de sa machine à écrire, – une Olivetti Lettera 35 – Peter Liversidge travaille avec des galeries et autres institutions pour proposer des projets autour d'un lieu. L'édition Festival Proposal rassemble plusieurs propositions de l'artiste envoyées à Caroline Broadhurst et Richard Ingleby (directeurs de la Ingleby Gallery) pendant le mois de Juin 2006 à l'occasion du festival d’Édimbourg.

Toujours selon le même mode opératoire, il rédige ses propositions en commençant par ‘I propose to...’, suivie des idées – qu'il met en place ou non –, plus ou moins rocambolesques ou grinçantes, d'autres complètement irréalisables comme faire brûler un feu devant la galerie et le laisser allumer pendant tout le mois d'Août... Il porte de l'intérêt à l'impossible car le processus est pour lui aussi important que la réalisation. Il est nécessaire que certaines choses restent des idées pour permettre au lecteur de s'organiser son propre spectacle.


Pierre Huyghe, ‘One Year’, 2008, Onestar Press, 42 x 29,7 cm, 98 feuilles.
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Pierre HUYGHE
Né en 1952 à Paris, il vit à Santiago (Chili) et New-York (États- Unis).

One Year, 2008, Onestar Press, 42 x 29,7 cm, 98 feuilles.

Quel prétexte ne serait pas bon pour célébrer une nouvelle journée dans l'année ? Avec son projet collectif, Pierre Huyge nous propose, en faisant appel à des artistes, plasticiens, architectes et écrivains, une réinvention du calendrier des fêtes. Sous la forme de 48 posters détachables, il réalise un livre réunissant les différentes propositions. Il reprend ainsi le projet de Robert Fillou : l'anniversaire de l'art le 17 janvier, mais aussi des propositions plus absurdes comme le jour de la perte de temps.

Figure importante de l'art contemporain, Pierre Huyghe remet en question les codes de l'exposition, qu'il envisage comme un monde, un organisme en lui-même, en dehors du temps extérieur. Son œuvre Streamside Day (2003) suivait déjà l'idée de la création d'une fête : l'artiste invite les nouveaux habitants d'un lotissement à défiler dans celui-ci, initiant ainsi la création d'une tradition : «la répétition de cette fête païenne en fera peut-être une coutume qui pourra être célébrée ou transformée ».


Delphine Coindet, ‘Calendrier Anarchiste’, 2013, En collaboration avec le graphiste Niels Wehrspann. Edition Tchikebe. Sérigraphie, 81,5 x 60 cm.
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Delphine COINDET
Née en 1969 à Albertville, elle vit à Lausanne.

Calendrier Anarchiste, 2013, en collaboration avec le graphiste Niels Wehrspann. Edition Tchikebe. Sérigraphie 81,5 x 60 cm.

Delphine Coindet développe un vocabulaire sculptural à travers des dispositifs d’expositions conçus comme des mises en scène ouvertes, des assemblages de matériaux et de techniques hétérogènes. Son langage, en constant dialogue avec l’architecture et le design, s’articule aujourd’hui autour d’expériences comprenant la scénographie, la commande publique, la performance et l’édition de mobilier radical. Elle accorde également beaucoup d’importance au texte : à la manière des dadaïstes qui utilisent les jeux de langage, elle juxtapose des mots pour créer des effets visuels et sonores.

L'artiste ne cache d’ailleurs pas son intérêt pour ce courant artistique : « Ce dernier mouvement est très important pour moi, et notamment la loi du hasard, l’aléatoire, la déconstruction du langage […] ». On retrouve ces principes dans son Calendrier Anarchiste, pour lequel elle utilise la première lettre de chaque mois de l’année complétés avec des mots qui n’ont pas de rapport les uns avec les autres, sans hiérarchie.


Elsa Werth, ‘Nouvelle année (7 mars)’, 2018, 364 fichiers pdf à télécharger, 29,7 x 21 cm.
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Elsa WERTH
Née en 1985 à Paris, où elle vit.

New Year, 2018, fichier pdf renouvelé quotidiennement entre le 2 janvier et le 31 décembre 2018, à télécharger gratuitement sur internet pour être imprimé sur une page A4 (elsawerth.net/newyear).

Elsa Werth développe un travail aux formes multiples : installations, sculptures, vidéos, livres d’artistes et créations sonores. Sa pratique artistique a trait à l’économie du travail, aux façons d’œuvrer. Elle appréhende ce qu’il y a de plus commun autour de nous, à la fois en le désignant et en le déstabilisant par des opérations de déplacement, des contre-usages et des perturbations.

L’artiste nous propose de se soustraire aux conventions qui régissent sans qu’on y prête toujours attention notre quotidien. Son œuvre New Year est un calendrier qui est renouvelé chaque jour pour faire débuter l’année ce jour même. Elle nous invite ainsi à célébrer à partir du 2 janvier 364 nouvelles années qui commencent, à nous souhaiter les meilleurs vœux possibles et à nous engager dans d'éventuelles bonnes intentions… Le calendrier est actualisé et disponible au téléchargement sur son site internet pour être imprimé.


Boris Achour, ‘Actions-peu’, 1993-1997, 29 diapositives et 8 vidéos numérisées.
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Boris ACHOUR
Né en 1966 à Marseille, il vit à Paris.
Actions-peu 1993-1997, diapositives et vidéos numérisées.

Boris Achour est un artiste qui questionne avec ironie les codes sociaux et l’environnement dans lequel nous évoluons. Ainsi, il propose en 1996 une œuvre intitulée L’Aligneur de pigeons : une recette à suivre pour former une ligne de pigeons dont rendent compte deux photographies avant/après de pigeons en ordre dispersé puis rangés.

Au milieu des années 90, l’artiste se singularise sur la scène artistique contemporaine avec ses actions-peu. Il s’agit d’une série d’interventions furtives dans l’espace urbain. Avec humour, Boris Achour change notre regard sur les espaces que nous fréquentons quotidiennement en y amenant de l’inattendu : il installe une guirlande de sacs plastiques sur une bouche d’aération, rompt l’alignement de pots de fleurs, déplace le point d’équilibre d’un objet (etc.). Ces actions anonymes et éphémères bouleversent l’ordre de l’espace urbain avec une économie de moyens aux accents poétiques.


Annette Messager, ‘Collection pour trouver ma meilleure signature’, 1972, encres, cadres en bois et verre, 20 x 14 cm, 90 éléments.
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Annette MESSAGER
Née en 1943 à Berck sur Mer, elle vit à Malakoff.

Collection pour trouver ma meilleure signature, 1972, encres, crayon de couleur, mine de plomb sur papier, cadres en bois et verre, 90 éléments de 20 x 14cm et un album-collection n°24 de 23 x 18 cm.
Collection du MACVAL.

Collection pour trouver ma meilleure signature fait partie de la série des collections d'Annette Messager : créatrice compulsive elle en réalise près d'une soixantaine entre 1972 et 1974. La question de l'identité et des rôles sont au cœur de l'œuvre de l'artiste. Rechercher la « meilleure » des signatures est une façon pour elle de se représenter, de trouver une identité graphique singulière. Elle répète ainsi inlassablement son nom sur 90 feuilles.

Mais trouver son identité nécessite également de remuer les stéréotypes, Annette Messager assume alors volontiers les clichés féminins qu'elle détourne lorsqu'elle brode des proverbes misogynes dans Ma collection de proverbes (1974) ou dans Ma Collection de châteaux (1972) qui joue avec l'idéal du conte de fée à travers des dessins colorés, presque naïfs qui évoquent l'imaginaire de l'enfance et sa construction autour de stéréotypes.


Matthieu Saladin, ‘Une journée de travail’, 2019, impression numérique, livrets annotés, dimensions variables.
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Matthieu SALADIN
Né en 1978 à Versailles il vit à Rennes et Paris.

Une journée de travail, 2019, impression numérique, livrets, annotés, dimensions variables.


Artiste, chercheur et musicien, Matthieu Saladin multiplie les approches artistiques et questionne les rapports entre art et société. Cette œuvre s’inscrit dans sa série Partitions de travail : celle-ci s’inspire d’un texte de Gabriel Gauny qui étudie les différentes perceptions de la durée du travail selon le désir du travailleur. Le monde du travail et son rapport au temps est un domaine qui intéresse l’artiste : il bouscule par exemple les horaires habituels d’une formation artistique dans son œuvre Organiser son temps professionnel, déplacés la nuit.

Pour son œuvre Une journée de travail, une frise est présentée au public et résume une journée de travail habituelle de chaque membre de l’équipe du FRAC. Comme les notes d’une partition, les punaises indiquent un ralentissement du rythme. En effet, chaque salarié effectuera ses actions plus lentement une journée choisie durant l’exposition.






Claire Dehove, ‘Rendez-vous à l'Eden’, 1992, installation, 94 cartons d’invitation contrecollés sur PVC.
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Claire DEHOVE
Née en 1970 à Rouen, elle vit à Paris.

Rendez-vous à l’Eden, 1992, installation, 94 cartons d’invitation contrecollés sur PVC, un cartel tapuscrit, deux feuillets A4 mis à la disposition du public.
Œuvre réalisée dans le cadre des IXèmes Ateliers Internationaux du Frac des Pays de la Loire.
Collection Frac des Pays de la Loire, acquisition en 1993.

Le travail de Claire Dehove opère par glissements successifs. Par une pratique protéiforme qui croise les disciplines, l’artiste constitue des séries où elle transporte le matériau d’origine (cartes, textes, vidéo, son, objets domestiques,...) dans de nouveaux contextes pour en modifier l’identité première.

Rendez-vous à l’Eden est réalisée in situ lors de sa résidence au domaine de la Garenne Lemot à Clisson. L’installation se composait à l’époque de cartons d’invitations, d’un lit, d’une lampe de chevet, d’un flight métallique trouvés sur les lieux ainsi qu’un texte posé sur le lit et laissé à la disposition du public. Aujourd’hui, il ne reste plus que les cartons d’invitation, comme une collection d’images familières et intimes accumulée et inventoriée : reproductions d’œuvres, portraits photographiques d’artistes, monochromes, titre de l’exposition,… Pensée par l’artiste comme évolutive, «la pièce ne doit en aucun cas être figée (…) quite à se trouver disséminée avec d’autres œuvres», dans le but d’intégrer l’exposition et son environnement, laissant son activation à la guise du commissaire d’exposition.


Lefevre Jean Claude, ‘Notations’, 1994-1997, in Art Présence du n°13 au n°16.
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LEFÈVRE Jean Claude
Né en 1946 à Coutances, il vit à Gentilly.

Notations, 1994-1997, in Art Présence du n° 13 au n° 16.

Pendant une trentaine d’années, Lefèvre Jean Claude a collecté des documents autour des évènements artistiques tout en livrant une réflexion sur ceux- ci. Une démarche à la fois personnelle et objective puisqu’il entretient des correspondances avec des artistes et participe à des projets tout en restant dans une démarche de collecte d’archives. Précisément datée, chaque information est notée de manière concise, chaque rencontre, chaque événement est située dans un lieu précis. Mais les Notations ne sont pas le seul travail de l’artiste autour de la mémoire de l’art et des récoltes de données. En 2016, il prend par exemple part à une « rétrospective d’expositions fermées » organisée au Fri Art Kunsthalle de Fribourg. Leszek Brogowski résume justement l’art de Jean-Claude Lefèvre dans son introduction aux LJC Notations : « La mémoire de l’art comme art ».


Ernest T, ‘Cloaca Maxima’, 1985-1988, auto édité, impression offset, 29,7 x 21 cm. 21 numéros.
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Ernest T
Né en 1943 à Mons (Belgique), il vit à Paris.

Cloaca Maxima, 1985-1988, édition de l’artiste, impression offset, 29,7 x 42 cm, 21 numéros.

«Des documents sur l'art qui méritent d'être connus ou mis en valeur. Le titre, le choix et les juxtapositions tiennent lieu de commentaires ; toutefois, Cloaca Maxima se refuse absolument à faire de la morale.» C’est ainsi que l’artiste nous recommande d’aborder Cloaca Maxima.

Dépacant, grinçant, drôle et déconcertant, Ernest T. nous livre sa vision du monde de l'art. À travers ses appropriations et ses détournements, il sélectionne un choix d'oeuvres historiques complétées de nouvelles productions. À travers ces 25 feuilles éditées et diffusées entre décembre 1985 et janvier 1988, Ernest T. s'attaque aux non-dits et revendique pour l'art une liberté ultime : l'irrévérence.

Cette édition comprend 21 numéros diffusés entre 1985 et 1988. L'artiste ausculte avec ferveur et méticulosité le monde de l'art. Cupidités, prétentions, romantismes, attachements hystériques (à la signature, au sens caché de l'oeuvre), rien n'échappe à sa revue de presse.


Simona Denicolai & Ivo Provoost, ‘Tomorrow’, 2013, tract (encre sur papier jaune, 15 x 21 cm) distribué le même jour à Diksmuide, Bruxelles et Sesto San Giovanni.
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Simona DENICOLAI & Ivo PROVOOST
Simona Denicolai est née en 1972 à Milan (Italie), Ivo Provoost est né en 1974 à Dixmude (Belgique), ils vivent à Bruxelles.

Tomorrow, 2013, tract, encre sur papier jaune, 15 x 21 cm.

Simona Denicolai et Ivo Provoost travaillent ensemble depuis le milieu des années 90. Ils orientent leur pratique artistique autour de l'intervention dans les espaces publics et s'intéressent tout particulièrement à l'esthétique des villes à travers des installations, des performances, des éditions ( etc.). Ils mettent régulièrement en place des actions qui ont pour objectif de contourner les interdits sociaux et politiques.

Véritable invitation à la procrastination, Tomorrow est un tract réalisé pour une exposition du duo italo-belge. Il annonce une flash mob qui aura lieu « demain ». Cette mobilisation générale invite le plus de monde possible à rester à la maison toute la journée tout en étant décrite ironiquement comme la « chance d'une vie », une flash mob radicale « avec un effet direct sur l'économie et le pouvoir de consommation », le comble pour une action toujours reportée au lendemain !


Seth Siegelaub, ‘March 1969 (March 7)’, 1968, auto édité, 21,5 x 18 cm, 31 feuilles.
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Seth SIEGLAUB
Né à New-York (Etats-Unis) en 1941, il décède en 2013.

March 1969, 1968, New York City, Self-published, 1973, 31 pages, 21.5 x 18 cm., pdf à télécharger depuis https://primaryinformation.org/

Un catalogue pour une exposition qui n'aura pas lieu ? L'idée peut paraître surprenante mais elle correspond à la volonté de Seth Sieglaub : échapper aux structures habituelles des musées et galeries. Conservateur, marchand d'art et auteur américain Seth Sieglaub est un acteur important de la scène de l'art conceptuel qui bouleverse dès les années 60 les façons de diffuser l'art contemporain.

March 1969, aussi connu sous le nom de One Month (Un mois) se présente comme un éphéméride du mois de Mars 1969 à effeuiller. Il s'ouvre sur la lettre adressée aux 31 artistes invités à participer à l'exposition : un pour chaque jour de mars. Chacun choisit de contribuer ou non en offrant la description d'une œuvre. Seth Sieglaub laisse des pages vides pour les artistes n'ayant pas répondu. Parmi les artistes qui ont envoyé une proposition figurent Claes Oldenburg, Dennis Oppenheim, Allen Ruppersberg (etc.) tandis que les pages laissées vierges mentionnent des artistes comme Bruce Nauman ou Ed Ruscha.


Hans-Peter Feldmann, ‘Installation’, 1992, impression sur papier, 6 pages, 29,7 x 21 cm chacune.
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Hans-Peter FELDMANN
Né en 1941 à Düsseldorf (Allemagne) où il vit.

Installation, 1992, texte imprimé sur papier, six pages 29,7 x 21 cm chacune.
Collection Frac des Pays de la Loire, acquisition en 1994.

Pour Hans-Peter Feldmann, « la mémoire des images est plus importante que les images elles-mêmes. Ces dernières ne sont qu’un catalyseur de mémoire. » Et bien plus : « Le sentiment d’une belle photo est conditionné par le souvenir de celui qui la regarde ».

Alors que reste-t-il aux images ? Plus grand chose si l’on en croit l’œuvre Installation de Hans-Peter Feldmann. Cette œuvre se compose de six feuilles épinglées au mur, proposant un texte qui évoque quatre installations. Une introduction évoque brièvement les raisons pour lesquelles les installations ne sont pas montrées mais décrites. Dans ce premier texte circule déjà le doute de l’existence réelle de ces installations.

Les pages qui suivent décrivent ainsi des pièces qui se déploient dans leur diversité : une salle d’un repas aux allures somptueuses, une autre où pend un rideau de théâtre ou de cinéma éclairé, une troisième rejouant une galerie d’art dans une ancienne usine avec pour objet central deux paires de chaussures et enfin une quatrième salle vidée de son occupante avec seulement une robe qui pend. Ces pièces nous plongent chacune dans des univers différents, seul le vide les relie : tout y semble en suspend comme dans l’attente de l’action de nos imaginaires.


Sophie Calle, ‘La Visite Guidée’, 1996, Museum Boijmans van Beuningen, Rotterdam, 17,8 x 25,4 cm, 48 pages. CD Laurie Anderson.
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Sophie CALLE
Née en 1953 à Paris où elle vit.

La Visite Guidée, 1996, édition Museum Boijmans van Beuningen, Rotterdam. CD Laurie Anderson. 48 pages, 17,8 x 25,4 cm.

Surnommée « faiseuse d’histoires » par Hervé Guibert, Sophie Calle est l’une des artistes contemporaines les plus importantes de notre époque. Avec beaucoup d’humour elle nous entraîne dans ses enquêtes, suit des hommes inconnus, se déguise en femme de ménage pour rechercher des traces de passage dans des chambres d’hôtel (plis de draps, journaux intimes…). Dès la fin des années 70, elle remet son corps au hasard des aventures et se sert du voyeurisme inhérent à la photographie pour vivre intensément.

Dans une même démarche portée sur l’autofiction, La Visite Guidée (1996) est un catalogue réalisé pour une exposition intitulée « Absent » au Musée Boijmans Van Beuningen, Rotterdam (1994). Au cours de cette exposition, les visiteurs sont invités à suivre un itinéraire choisi par l’artiste accompagné de la musique de Laurie Anderson. Des objets appartenant à Sophie Calle sont dispersés dans l’exposition et commentés par des notices autobiographiques qui nous plongent dans les souvenirs les plus intimes de l'artiste.

 

Jonathan Monk, ‘The Collected Uncollectable’, 2003-2013, 48 cartes postales.
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Jonathan MONK
Né en 1969 à Leicester (Angleterre), il vit à Berlin.

The Collected Uncollectable, 2003, ensemble de 48 cartes noir et blanc dactylographiées.
Œuvre réalisée dans le cadre des XVIIIèmes ateliers Internationaux du Frac des Pays de la Loire.
Collection Frac des Pays de la Loire, acquisition en 2004.

Tout l’art de Jonathan Monk repose sur cette dualité historique et esthétique : l’art mythique, sublime et indiscuté versus le football, le rock’n roll et la vie de bistrot. Le recyclage du quotidien dans l’art est une réalité ancienne, mais il signifie également que les frontières entre l’art et la vie ne sont pas si nettes et qu’il convient de les réexaminer constamment.

L’œuvre The Collected Uncollectable compile 48 cartes postales de provenances diverses, toutes adressées au Frac des Pays de la Loire. Chaque carte postale est illustrée d’une image animalière et porte au dos la référence d’une œuvre d’art contemporaine dactylographiée. Disposées arbitrairement et sans dessus dessous, les cartes postales évoquent à la fois la collection d’images que l’on peut qualifiée de populaire et la collection artistique et muséale. Par la juxtaposition, Jonathan Monk crée de nouvelles associations et bouscule les conventions.


Hanne Darboven, ‘Untitled (January 1974)’, 1974,
encre sur papier calque, 29,1 x 21 cm, ensemble de 31 dessins, cadre 31,2 x 22,2 cm.
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Hanne DARBOVEN
Née en 1941 à Munich (Allemagne), elle décède en 2009.

Untitled (January 1974), 1974, ensemble de 31 dessins, encre sur papier calque (29,1 x 21 cm chaque).
Collection Frac Grand Large – Hauts-de-France.

Hanne Darboven est l'une des représentantes les plus importantes de l'art conceptuel. Allemande d'origine, elle contribue largement à sa diffusion, notamment aux États-Unis. Elle travaille tout particulièrement sur la notion de temps. Avec rigueur, elle utilise papier et crayons (des matériaux simples) pour collecter, noter ou encore réaliser des tableaux, des partitions.

Les nombres occupent une place toute particulière au sein de l'œuvre d'Hanne Darboven : « J'utilise seulement les nombres parce que c'est une manière d'écrire sans décrire ». Le calendrier est donc une forme de création privilégiée par l'artiste. Ici, il est composé de 31 feuilles, une pour chaque jour du mois de janvier 1974, l'année durant laquelle l'œuvre a été réalisée. Sur chaque feuille, l'artiste note la date du jour et additionne les nombres de cette date entre eux (jour + mois + 7 + 4). Le résultat ainsi obtenu est inscrit dans autant de cases que le nombre en question.


Annette Messager, ‘Album n°47, petite pratique magique quotidienne (7 mai)’, 1973, Editions Actes Sud, 19 x 18 cm, 66 pages.
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Annette MESSAGER
Née en 1943 à Berck sur Mer, elle vit à Malakoff.

Album n°47, petite pratique magique quotidienne, 1973, in éditions Actes sud, 2002.

Annette Messager est l’une des artistes françaises les plus importantes de la scène artistique contemporaine. Derrière ses multiples identités : Annette Messager truqueuse, Annette Messager collectionneuse, Annette Messager bricoleuse, Annette Messager culporteuse,… on découvre une œuvre protéiforme, mêlant le registre du grotesque avec celui de l’inquiétant familier.

Cette petite pratique magique quotidienne nous plonge dans un autre rituel de l’artiste qui consiste à écrire chaque jour sa signature à l’encre noire avant de plier le papier pour créer une sorte de test de Rorschach : un test utilisé en psychologie pour faire surgir la personnalité de celui qui observe la tache et y aperçoit des formes. Se livrant à cet exercice quotidien pendant un mois, elle décrit des taches formées à partir de sa signature pour y « découvrir l’histoire de sa journée ». Annette, son nom, disparait pour laisser place à des formes qui ressemblent selon elle tantôt à des ombres menaçantes, tantôt à des formes amusantes et nous révèlent le quotidien plein de dérision de l’artiste.


Louise Lawler, ‘No Drones Coloring Book’, 2013,
Museum Ludwig, livre de coloriage, 28 × 20,1 cm, 24 pages.
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Louise LAWLER
Née en 1947 à Bronxville (États-Unis), elle vit à New-York.

No Drone (coloring book), 2013, Éditions Museum Ludwig Koln Germany, livre de coloriage, 28 × 20,1 cm, 24 pages.

Louise Lawler est l'une des représentes du simulationnisme : un mouvement américain né dans les années 80 qui utilise des « reproductions de reproductions » ou emploie des objets manufacturés.

Elle crée No Drone coloring book, un livre d'illustrations en noir et blanc, à la suite d'une exposition chez Yvon Lambert (2014). Ses œuvres (des photographies sur vinyle), sont reproduites par Jon Buller, auteur et illustrateur de livres pour enfants, qui ôte les détails pour ne laisser apparaître que le trait. À travers ses créations, Louise Lawler offre à réfléchir sur le monde de l'art en le représentant avec une certaine distance. Elle collectionne, accumule et mélange des images d’œuvres (provenant de musées, de collections privées ou de galeries) qu'elle met en scène les unes avec les autres. Pour se faire elle les ajuste, les adapte, les transforme... Louise Lawler poursuit ici le principe d'appropriation central dans toutes ses œuvres.


Penelope Umbrico, ‘Sun/Screen (coloring book), for when screen light replaces sun light’, 2020, pdf à télécharger et à imprimer sur papier 21,6 x 27,9 cm.
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Penelope UMBRICO
Née en 1957 à Philadelphie (États-Unis), elle vit à New-York.

Sun/Screen (coloring book), for when screen light replaces sun light, 2020, pdf gratuit à télécharger depuis http://www.penelopeumbrico.net

Penelope Umbrico utilise la photographie comme un moyen d’explorer l’abstraction, elle s’intéresse à la multiplication des images et à leur consommation. Son œuvre Sun/Screen, (2014) consiste en un procédé simple : avec son iPhone elle photographie plusieurs des innombrables images de coucher de soleil partagées sur internet. La surface de l’écran pris en photo donne lieu à des effets de lumière hypnotiques. On retrouve cette démarche dans ses impressions de scans d’écrans obtenus en démontant des appareils électroniques (Sun/Screen/Scan, 2018). La présence de l’écran, oubliée la plupart du temps derrière l’image représentée, est ici rendue visible par l’artiste. En ne gardant que les lignes formées par ces effets de dégénération des images numériques pour créer un livre de coloriages, Penelope Umbrico rend le motif encore plus abstrait et l’astre plus difficilement reconnaissable.


Micah Lexier, ‘A Week At A Glance’, 2011, Editions Rodman Hall Arts Centre, 23 x 2,5 x 30 cm, 320 pages.
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Micah LEXIER
Né en 1960 à Winnipeg (Canada),il vit à Toronto.

A Week At A Glance, 2011, Edition Rodman Hall Arts Centre, 23 x 2,5 x 30 cm.

Avec une double casquette d'artiste et de commissaire d'exposition, Micah Lexier porte un intérêt particulier à la notion d'identité et à ses représentations. Il manie la sculpture, la photographie, mais aussi la gravure et l'installation. A Week at a Glance (Une semaine en un coup d’œil) est un projet d'un an conçu spécifiquement pour Rodman Hall Art Centre qui a eu lieu de janvier 2011 à janvier 2012.

Il s’agit d’une installation qui propose quatre objets dans une vitrine, chaque lundi de l’année, un objet est remplacé par un autre. Les objets proviennent de la collection personnelle d’objets de Micah Lexier et appartiennent au domaine du quotidien (puzzles, jeux, livres, papeterie, notes et items trouvés dans la rue). Micah Lexier classe, collectionne, organise ces objets qui nous entourent. L’édition de A Week At a Glance regroupe les 52 semaines du projet : chaque objet est présenté à taille réelle aux côté des autres.

 


Carole Douillard, ‘Dog Life - Unfolded Pictures’, 2014-2017, 68 photographies recto-verso, 1 boîte en plexiglas.
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Carole DOUILLARD
Née en 1971 à Nantes où elle vit.

Dog Life - Unfolded Pictures (box), 2014 – 2017, 67 impressions numériques recto-verso en quadrichromie, boîte plexiglas, boîte: 32,1 x 22,2 x 3,5 cm tirages : A3, A4 et A5.
Collection Frac des Pays de la Loire, acquisition en 2018.
Carole Douillard est une artiste plasticienne et performeuse qui utilise son corps comme sculpture pour des interventions minimales dans l’espace. Intéressée par le contexte social, elle expérimente le corps contraint et ses relations aux espaces qu’ils soient privés ou publics et utilise souvent l’espace d’exposition comme terrain d’investigation. Née d’un père français et d’une mère algérienne kabyle, Carole Douillard n’a de cesse de penser le territoire, le corps social et l’«étrangéité» qui en résulte.

Dog Life est un projet de recherche mené à travers l’Algérie à partir de 2013. Le titre provient d’une expression entendue par l’artiste lors d’un colloque sur l’indépendance de l’Algérie, qu’elle suit en 2012 : « Dog life ou vie de chien, c’est ainsi que les Kabyles qualifiaient leur vie pendant le printemps de berbère». Alors qu’elle s’intéresse à la place statique des hommes «tenant les murs» dans les rues d’Alger, elle met en parallèle la mobilité des femmes, qui, à défaut de pouvoir s’y arrêter, le traverse. En 134 photographies, Carole Douillard déploie une cartographie sensible et complexe d’un pays aux paysages magnifiques, parfois abîmés où les hommes comme les femmes peinent à y trouver leur place.


David Horvitz, ‘Yesterday’, 2019,
impression jet d’encre sur papier A4 80g., 29,7 x 21 cm. Une photographie par jour.
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David HORVITZ
Né en 1982 à Los Angeles (États-Unis) où il vit.

Yesterday, 2019, photographies imprimées avec une imprimante de bureau, format A4.

Yesterday est une œuvre conçue spécialement pour la librairie et maison d’édition Yvon Lambert. Elle consiste en un processus particulier : David Horvitz envoie chaque jour au magasin une photographie de ciel qui ne sera achetable que le jour suivant à cause du décalage horaire. Celles-ci sont disponibles pour la somme de 1 euro. Chaque photographie indique la date, l’heure et la localisation de l’endroit où elle a été prise.

Que ce soit par le biais de médias traditionnels comme le livre d'art, la photographie ou en utilisant le numérique, David Horvitz crée un art nomade pour tisser des liens entre des endroits et des personnes éloignées les unes des autres et rendre l'art conceptuel accessible à un public varié. En 2009 par exemple, il lance le projet internet 241543903 / Head-in-a-Freezer pour lequel il fait appel à des personnes de tous horizons pour se prendre en photo la tête dans un frigo de façon à ce que la recherche internet du numéro «241543903» mène à ces images.


Alfred Stieglitz, ‘Equivalent’, 1923-1930,
in ‘Alfred Stieglitz Photographer’ de Doris Bry (1981).
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Alfred STIEGLITZ
Né en 1864 à Hoboken (États-Unis), il décède en 1946.

Equivalents, 1923-1930, épreuves au gélatino-bromure d'argent in Doris Bry Alfred Stieglitz Photographer, Museum of Fine Arts, Boston (1981)

Reconnu pour sa grande modernité, ce photographe et galeriste est l'un des premiers à avoir élevé la photographie au rang d'art en organisant des expositions et créant des revues autour de cette technique. Il nous livre ici une expérience esthétique et métaphysique hors norme pour son époque à travers des prises de vue du ciel. Réalisées avec une chambre Graflex orientée vers le ciel – une technique difficile à utiliser à son époque – il propose une étude des nuages qu’il entame en 1922. Il nomme ses premiers essais "Music - A Sequence of Ten Cloud Photographs" et tente de faire des liens entre le mouvement du ciel et la musique. Il parle ensuite de Songs of the Sky puis d’Equivalents en 1929. Il les réalise depuis sa résidence d’été à New York mais aucun repère n’est donné à celui qui les contemple : comme un véritable ciel, elles peuvent être observées dans n’importe quel sens, de même que l’impression, très sombre, laisse planer le doute sur l’heure de la journée.


Batia Suter, ‘Cloud Service’, 2019, Printed Matter Inc. & Roma Publications, 19,5 x 28,5 cm, 104 pages.
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Batia SUTER
Née en 1967 à Bülach (Suisse), elle vit à Amsterdam.

Cloud Service, 2019, Printed Matter Inc. & Roma Publications, 19,5 x 28,5 cm, 104 pages

Ne dit-on pas d'un nuage qu'il est moutonneux ? C'est en tout cas une image que Batia Suter utilise dans son livre Cloud Service en construisant des rapports entre des photographies de nuages et de moutons mais aussi de coraux, choux-fleurs et autres trouvailles tirées d'encyclopédies ou de livres scientifiques. Publié à l'occasion de l'exposition de l'artiste suisse à New-York City, Cloud Service est un ouvrage de petit format, proche du fanzine.

Dans son travail, elle fait naître une narration avec les correspondances visuelles, combine l'infiniment petit à l'infiniment grand pour créer un dialogue entre les images, un atlas original qui bouleverse notre manière d'appréhender les formes. Les photographies qu'elle utilise s'inscrivent souvent dans leur lieu d'exposition et font corps avec le paysage ou la pièce qui les entoure, comme son exposition Mont-Voisin (2019) sur le barrage du val de Bagnes qui met en lien le paysage minéral autour du barrage et les différentes photographies exposées.


‘loook.at.the.sky’, 2017,
flux Instagram anonyme, un poste par jour.
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Endre Tót, ‘1-2 Dozen Rain Postcards 1971-73,’ 1973, Reflection press, Stuttgart. 6 cartes postales, 10,5 x 15 cm chacune.
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Endre TÓT
Né à Sümeg (Hongrie) en 1937, il vit à Cologne.

1-2 Dozen Rain Postcards 1971-73, 1973, Reflection press, Stuttgart, 6 cartes postales, 10,5 x 15 cm chacune.

Endre Tót est un artiste hongrois qui représente une des figures majeures de l’art conceptuel et du Mail Art. Dès les années 1970, il utilise la voie postale comme moyen de diffusion de ses œuvres car il refuse de s’inscrire dans l’art institutionnel de son pays alors dirigé par un parti unique et autoritaire. Sans possibilité d’exposition ni d’espace de partage, l’artiste abandonne la peinture pour une pratique qui franchit clandestinement les frontières et le rideau de fer.

Dès 1971, Endre Tót réalise sa série Rain - cartes postales où l’artiste symbolise par des motifs typographiques une pluie artificielle qui sépare (My Rain, your Rain, 1971-79), qui isole (Isolated Rain, 1971- 79) ou exclue (Inside Rain, 1971-79). Par ses interventions discrètes dessinées comme performées directement dans l’espace public, Endre Tót intervient sur son environnement, camouflant par le sourire ses actes de résistance.


Aleksandra Mir, ‘Venezia’, 2009,
cartes postales, 100 versions, 10 000 exemplaires chacune.
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Aleksandra MIR
Née en 1970 à Lubin (Pologne), elle vit à Londres.

Venezia, 2009, 1 million de cartes postales (100 modèles imprimées en 10.000 exemplaires)

Aleksandra Mir naît en Pologne et grandit en Suède. Ses œuvres, aussi ludiques qu’engagées mêlent revendications féministes, références à la culture populaire et performances dans lesquelles elle invite ses amis ou le public à participer.

Venise est un ensemble de 100 cartes postales originales tirées à 10 000 exemplaires qui ont été créées à l’occasion de la 53e Biennale de Venise (2009). Le nom de la Sérénissime est apposé sur différentes photographies de cours d’eau du monde entier provenant d’une banque d’images (paysages du nord, puits de pétrole dans le désert etc.). Le titre original de l’œuvre est All places contain the others, (tous les lieux contiennent tous les autres). Aleksandra Mir a également fait appel à la poste italienne pour installer deux boites aux lettres à proximité de l’exposition. Mises à disposition gratuitement, la diffusion des cartes postales s’est surtout faite par le biais des visiteurs de la Biennale, évènement international de l’art contemporain.


Mirtha Dermisache, ‘Diez cartas’, 2007, Le clou dans le fer, Reims. 9 feuilles libres et un cahier de 4 pages, 28 x 23 cm.
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Mirtha DERMISACHE
Née en 1940 à Buenos Aires (Argentine), elle décède en 2012.

Diez cartas, 2007, Le clou dans le fer, Reims. 9 feuilles libres et un cahier de 4 pages, 28 x 23 cm.
Collection du CDLA, Centre du livre d’artistes.

Mirtha Dermisache est une artiste argentine qui a initié, depuis les années 1960, un travail autour des livres et des signes. Elle porte un regard critique sur les structures habituelles de l’écriture en leur donnant une dimension instable que Roland Barthes qualifie d’« écriture illisible » en 1971 dans une correspondance. Mirtha Dermisache explore ainsi différentes formes de présentation de l’écrit : cartes postales, nouvelles et même un livre de 500 pages qu’elle écrit en 1967. Ici, Diez cartas (dix cartes) reprend la forme traditionnelle d’un écrit mais les signes alphabétiques habituellement utilisés ont laissé place à une graphie imaginaire.

Son travail apporte également une réponse militante à la dictature alors en place en Argentine, notamment avec son œuvre la plus célèbre : Diaro No 1 [Journal N°1], (1972). En effet, en filigrane d'une « écriture illisible » reprenant la forme de présentation d'un journal, se dessine le portrait des médias argentins contrôlés par le gouvernement.


Irma Blank, ‘(     )’, 1975, Geiger, Turin. «Sperimentale» n° 37, 96 pages, 16 x 11,3 cm.
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Irma BLANK
Née en 1934 à Celle (Allemagne), elle vit à Milan (Italie)

‘(     )’, Geiger, «sperimentale» n° 37, octobre 1975. 100 ex. numérotés. Exemplaire n° 21.96 p. ; 16 x 11,3 cm. Prêt du CDLA (Centre des livres d'artiste).

Intriguée par la langue et ses différentes formes, mais aussi par l’impossibilité de s’exprimer de façon totalement juste, Irma Blank construit son œuvre autour de l’écriture. Pour sa série Global Writings (2000-2016), elle cherche à élaborer une « écriture universelle » avec un alphabet composé de huit consonnes avec lequel elle crée des textes-dessins. Elle invente également une écriture sans signification avec sa série Trascrizioni (1973-1979), qui renvoie à des écritures connues par la disposition des signes (celle d’un journal ou d’un poème par exemple) sans pour autant être déchiffrable. Dans la même lignée de travaux, Geiger «sperimentale» n° 37 utilise les codes de l’écriture manuscrite en se présentant comme un carnet annoté de caractères que l’on pourrait croire lisibles mais qui ne représentent en réalité aucune lettre d’un alphabet connu.


Patrick Raynaud, ‘sans titre’, 2015-2021, flux Instagram, plusieurs postes par jour, 26 000 séquences vidéos de quelques secondes.
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7 mars 2020
Patrick RAYNAUD
Né en 1946 à Carcassonne, il vit à Marseille.

Sans titre, 2015-2020, flux Instagram

Comme un portraitiste, Patrick Raynaud capte une émotion, une attente : instant volé de la vie d’un inconnu qu’il filme avec son téléphone et partage sur son compte Instagram. La manœuvre est discrète, car pour saisir le quotidien de ses sujets, l’artiste les filme à leur insu. Il fixe son attention sur un détail : un collier qui se balance au rythme de la marche de sa propriétaire, le jeu d’ombre de deux mains qui manipulent un objet, une personne qui attend, immobile alors que tous les autres passants marchent. Sans donner de titre, il indique simplement l’endroit où l’instant a été capturé.
Après une formation dans le cinéma, Patrick Raynaud mêle souvent la scénographie et l’art vidéo dans sa pratique artistique, il s’interroge notamment sur la notion de mobilité avec des installations in-situ temporaires souvent formées de caisses de transport sur lesquelles il expose la photographie d’une œuvre d’art.


‘Les photos que j'ai supprimées de mon téléphone’, 2016, auteur et éditeur anonymes.
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Claire Chevrier, ‘Spazio di rappresentazione’, 2008,
impression jet d’encre pigmentaire sur papier, carton entoilé, boîte 30 x 42 x 6,5 cm.
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Claire CHEVRIER
Née en 1963 à Pau, elle vit à Mayet (Sarthe) et Paris.

Spazio di rappresentazione, 2008. Boîte contenant 17 photographies sérigraphies, texte de Fabien Danesi sérigraphié, 30 x 42 x 6 cm, Édition 2/12.
Collection Frac des Pays de la Loire, acquisition en 2016.

Entre document social et image poétique, les photographies de Claire Chevrier porte une importance à l’espace habité, urbain, qu’elle révèle par des vues souvent frontales. Elle organise une composition de l’image par la technique de rapprochement, de prélèvements, de fragments et d’états des lieux, enracinée dans une certaine banalité. Le travail photographique de l’artiste est dépourvue de toute plasticité artificielle et écarte toute sublimation.

Spazio di rappresentazione (Espace de représentation) fait écho à un projet plus vaste nommé Paysages-villes. Ces photographies, prises lors de sa résidence à la Villa Médicis à Rome, cartographient la cité romaine loin des clichés touristiques et dévoilent un développement urbain intempestif, dont la présence s’inscrit dans un double mouvement d’avancée horizontale et verticale.

À travers ces photographies, l’artiste rend compte de l’organisation du territoire, des strates de temporalité dans l’espace et questionne la relation de l’Homme et de la nature aux nouveaux espaces urbains, ce qui conduit ainsi à des interrogations d’ordre psychologique, social, anthropologique et environnemental.


Dector & Dupuy, ‘Gassicourt’, 2009,
Editions Collectif 12, Mantes la Jolie, 21 x 15 cm, 52 pages.
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DECTOR & DUPUY
Michel Dector est né en 1951. Michel Dupuy est né en 1949, ils vivent à Paris.

Gassicourt, 2009, Editions Collectif 12, Mantes-la-Jolie, 21 x 15 cm, 52 pages.

Dector & Dupuy sont deux artistes associés aux pratiques variées. À travers des performances, peintures, vidéos, sculptures ils explorent les liens entre le paysage urbain et les relations sociales qui s’y jouent. Ils prêtent attention aux slogans, restes d’affiches, objets et graffitis qui peuplent les rues. Leurs créations s’inscrivent dans un processus bien particulier, à la fois scientifique et sensible de recherche d’indices de l’habitation des villes. Ils réinventent une recherche esthétique qui s’intéresse à une « réalité plus politique ».

L'édition Gassicourt a été réalisée à l'occasion d'une visite-performance des deux artistes dans le quartier de Gassicourt à Mantes-la-Jolie. Il s'agit d'un recueil de textes issus d’enregistrements réalisés sur place qui invite les lecteurs spectateurs à découvrir la ville sous un angle poétique.


On Kawara, ‘I got up’, 2008, mfc-michèle didier, 21 x 14,8 cm, 4160 pages, set de 12 volumes.
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On KAWARA
Né en 1933 à Kariya (Japon) il décède en 2014.

I got up, 2008, mfc-michèle didier, Bruxelles. Set de 12 volumes, 4160 pages au total, 21 x 14,8 cm chaque volume.

Considéré par l’artiste japonais comme le plus personnel de ses travaux, I got up (je me suis levé) clôture la série entamée avec I Met et I Went. Personnelles et monumentales, ses productions révèlent l’ancrage de l’artiste dans des questions métaphysiques comme le temps et l’espace. Son processus de création très particulier, ritualisé en fait un des plus grands représentants de l’art conceptuel aujourd’hui.

I got up forme ainsi 12 volumes retraçant le relevé précis de ses réveils de 1968 à 1979. Durant chaque journée de cette période l’artiste envoie deux cartes postales qui stipulent l’endroit où il se trouvait, son nom ainsi que le nom et l’adresse du destinataire. Sur le dos de chaque carte postale il signe « I GOT UP AT » suivi de l’heure à laquelle il s’est levé ce jour.


On Kawara, ‘I Went’, 2007, mfc-michèle didier, 21 x 14,8 cm, 4790 pages, set de 12 volumes.
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On KAWARA
Né en 1933 à Kariya (Japon) il décède en 2014.

I went, 2007, mfc-michèle didier, Bruxelles. Set de 12 volumes, 4740 pages au total, 21 x 14,8 cm chaque volume.

I Went (je suis allé) retrace les itinéraires quotidiens de l'artiste conceptuel japonais On Kawara. Comme un explorateur du quotidien, il trace son chemin au stylo à bille rouge sur une photocopie en noir et blanc de la carte de l'endroit dans lequel il s'est déplacé. Chaque itinéraire porte le tampon du jour durant lequel le trajet a été réalisé. Il entame ce carnet de voyage original en 1968 et le termine en 1979. Il en ressort 12 volumes, un pour chaque année. En faisant de chaque trajet un voyage il donne une importance toute nouvelle au quotidien.


Anne Lise Coste, ‘Où suis-je’, 2014, Édition Patrick Frey, Zurich, 30 x 23 cm, 182 pages.
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Anne-Lise COSTE
Née en 1973 à Marseille, où elle vit.

Où suis-je, 2014, édition Patrick Frey, Zurich, 182 pages, 30 x 23 cm.

Anne-Lise Coste manie différentes techniques : crayon, gouache, et formats : des plus petits aux fresques monumentales. Elle illustre des thèmes appartenant autant au domaine de l’intime qu'à celui du politique, toujours avec une très grande liberté : elle dit travailler avec rapidité pour que son œuvre ne « perde pas d'importance ».

Avec l’immédiateté d’un trait proche de l'esquisse qu’elle puise en partie dans son expérience du graffiti, l'artiste propose dans son livre Où suis-je une série de dessins qui retracent le souvenir des lieux dans lesquels elle a séjourné enfant. En utilisant le flou de sa mémoire, elle trace les contours des hôpitaux et infirmeries dans lesquels elle passait du temps alors qu'elle était une enfant asthmatique. La simplicité du trait et les perspectives volontairement inexactes, abstraites, viennent répondre à l’incertitude du passé et des traces qu’il laisse dans la mémoire.


Yvan Salomone, ‘120’, 1994, Editions Galerie Joseph Dutertre, Rennes, 29,5 x 22 cm.
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Yvan SALOMONE
Né en 1957 à Saint-Malo, où il vit.
120, 1994, Editions Galerie Joseph Dutertre, Rennes, 29,5 x 22 cm

L'exploitation du caoutchouc, du sucre, ou du café... la « guerre du bois tropical », le « coton qui s'effiloche » les nouvelles du monde que récolte Yvan Salomone ne dressent pas un portrait du commerce international des plus radieux. Sous la rubrique « matières première », l'artiste rassemble semaine après semaine les articles de journaux parus dans cette catégorie en les associant à des photographies ainsi qu'à ses propres aquarelles vides de toute présence humaine. Créateur assidu, il produit des aquarelles au rythme d'une par semaine et ce depuis 1991.

Les formats sont identiques (104x105cm), de même que les sujets : chantiers et sites industriels repérés lors de ses pérégrinations. L'instabilité des formes qui se mêlent aux paysages renforce le sentiment d'une inquiétante étrangeté.


Claire Dehove, ‘R.S.V.P.’, 1989, film 16mm numérisé (2007), 14 min.
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Claire DEHOVE
Née en 1970 à Rouen, elle vit à Paris.
R.S.V.P, 1989, film 16mm, numérisé (2007) Durée : 14’, en boucle

Le travail de Claire Dehove est protéiforme et rejoint des champs d’interventions multiples : textes, son, vidéo, performance, théâtre, scénographie, installation. Sa pratique trouve sa logique dans les déplacements, autant physiques que de sens, les itinérances et les réseaux.

Dans R.S.V.P, Claire Dehove emprunte des chutes de pellicule du film Aléas de Frédéric Jörg. Ces rushs, tournés de nuit, ne concernent que les déplacements des deux acteurs dans différents lieux du tournage : funiculaire de Montmartre, ascenseurs de la Tour Eiffel, rue de Roubaix,… Entre ces déambulations juxtaposées, l’artiste y insert des cartons d’invitation d’exposition dont elle isole certains mots ou syntagmes, selon le principe du cinéma muet. Le film original, privé de sa continuité narrative, est ici un matériau à modeler où le rapport image-texte crée de nouveaux micro-récits.


Eric Watier, ‘Paysage (Détail 8346)’, 2002-2021,
impression numérique sur papier Bristol blanc 120 g., 19 x 13,5 cm, 4 pages. Publication quotidienne commencée le premier janvier 2002 et diffusée arbitrairement à une personne.
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Eric WATIER
Né en 1963 à Bayonne, il vit à Montpellier.

Paysage (Détails), 2002-2021, 4 pages, 19 x 13,5 cm. Imprimé en numérique n-b sur papier Bristol blanc 120 g.

L'œuvre d'Eric Watier est à la lisière entre le texte et l'image. Il utilise des formats originaux pour publier de nombreux livres d'artiste, ainsi que des impressions photographiques sur différents supports : photocopies, affiches ou cartes postales. Il produit également des inventaires, comme son Inventaire des destructions qui recense méticuleusement les artistes ayant volontairement détruit leurs œuvres.

Son œuvre Paysage est une série de livres de petit format (quatre pages) qu'il envoie à des personnes choisies par ses soins comme un abonnement que l'on peut révoquer grâce à un papillon de désabonnement fourni avec le livre. Chaque jour depuis janvier 2001, un Paysage différent est envoyé à un abonné ce qui rend l'œuvre impossible à réunir : l'artiste précise « Le pli que chaque abonné possède fait partie d’un tout. Il n'en est pas séparé. Il en est inséparable. (...) Et c’est précisément parce que le travail est non recomposable, (...) que chacun de ses plis compte ».


Pierre-Lin Renié, ‘D'autres jours’, 2020, auto édité, 21 x 29,7 cm, 1468 pages en 2 volumes.
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Pierre-Lin RENIÉ
Né en 1966 à Sainte Eulalie d'Ans, il vit à Bordeaux.

D'autres jours, 2020, auto édité, 21 x 29,7 cm, 1468 pages en 2 volumes.

Pierre-Lin Renié produit essentiellement des livres, s’inscrivant dans l’histoire de ce médium artistique d'artiste mais également dans celle de la photographie et de l’art conceptuel. Il répertorie lui-même son travail dans la lignée du «style documentaire».

D’autres jours est un projet photographique qu'il décrit comme un almanach – c'est à dire une forme de livre populaire qui comprend un calendrier mais aussi des renseignements pratiques – rétrospectif. En effet, il est constitué d'une photographie prise le même jour 10 ans auparavant. Il constitue ainsi (depuis 2004) une collection d'images foisonnantes, sans thématique particulière si ce n'est celle du quotidien. Il construit alors, à la manière d'Aby Warburg et son Atlas Mnémosyne, un énorme corpus d'images dans lequel il peut puiser : «Chaque image est réutilisable. […] En reliant divers lieux et moments, se crée une géographie mentale instable, retravaillée par la mémoire.»


Pierre-Lin Renié, ‘D'autres jours’, 2011-2019, auto édité, 21 x 29,7 cm, 1468 pages en 2 volumes.
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Hanna Putz and Sophie Thun, ‘White Flag,’ 2019, Moderne Kunst, Verlag Fur, 132 pages, 29,7 x 21 cm.
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Hanna PUTZ & Sophie THUN
Hanna Putz est née en 1987 à Vienne, elle vit à Berlin et à Vienne. Sophie Thun est née en 1985 à Frankfurt, elle vit à Vienne.

White Flag, 2019, Verlag für moderne Kunst/Pampam Publishing, broché, 29,7 x 21 cm, 132 pages.

Hanna Putz débute sa carrière comme mannequin puis bascule derrière l’objectif comme photographe de mode et portraitiste pour les magazines. Elle s’attache à une photographie minimaliste où ses modèles laissent tomber le masque de la pose. Photographe elle aussi, Sophie Thun utilise son corps comme instrument supplémentaire à ses photographies. Par ses prises de vue, l’artiste interroge les concepts établis de société et de genre, puisant directement dans les références du XVIème siècle et remet en question nos habitudes de visualisation.

La publication White Flag est le résultat d’une collaboration entre ces deux femmes photographes. Dans un dialogue intensif et alterné, elles se photographient à tour de rôle durant deux ans dans des poses et des mises en scènes improvisées. Comme un volteface, la double vision génère une chorégraphie improvisée qui peut être lue comme un carnet visuel ou encore un journal intime partagé.


Silvana Reggiardo, ‘#atwork, La Défense, Paris (7 mars)’, 2015-2019, flux Instagram.
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Silvana REGGIARDO
Née à en 1967 à Rosario (Argentine), elle vit à Paris.

#atwork, La Défense, Paris, 2015-2019, milliers de vidéos de 15 secondes

Silvana Reggiardo définit son approche de la photographie comme « relevant d’une expérience : expérience de la marche, expérience de l’espace, expérience visuelle, expérience instrumentée ». La Défense est un travail ancré dans le quotidien de l’artiste. Chaque jour elle se rend dans le quartier de La Défense et c'est lors de son trajet entre le RER et son lieu d'activité qu’elle filme les personnes se rendant elles aussi chaque jour au travail. Malgré la diversité des sujets filmés, la démarche semble être la même : pressée, décidée. La force de l’habitude et la volonté d’accéder au chemin le plus rapide, le plus direct transparait des corps filmés de dos, formant un « flux qui modèle l’espace ». L’artiste elle-même ne s'exclut pas de ce cadre millimétré : elle précise qu’elle filme ses sujets sur un même trajet qui dure précisément 8mn entre le transport en commun et son travail.


Valérie Jouve, ‘Les Ponts Schuhl’, 1995,
c. print, 14 x 17 cm, 63 tirages sous emboîtage.
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Valérie JOUVE
Née en 1964 à Saint-Etienne (France), elle vit à Paris.

Les Ponts Schulh, 1995. Série de 63 photographies. C-print, 14 x 17 cm.
Collection du Fonds communal d’art contemporain de Marseille.

Avec un double regard d’artiste et de sociologue, Valérie Jouve photographie et filme les différents espaces et leurs habitants dès la fin des années 80. La relation entre l’Homme et les lieux qu’il occupe, mêlant l’intimité du portrait au plan plus large du collectif est centrale dans son travail. Son regard est presque documentaire, elle porte une réflexion sur l’urbanisme qui modèle les interactions entre les Hommes en s’attardant notamment sur les logements collectifs et les lieux de passage comme les autoroutes ou les zones commerciales périurbaines. Elle s’extrait parfois de territoires proches en allant photographier les palestiniens et leur environnement comme dans la série En attente (2010).

Les photographies de sa série Les Ponts Schulh ont été prises le long de l'autoroute A7 (Nord) entre Marseille et Septème-les-Vallons. Elle regroupe les différents ponts réalisés par l'ingénieur André Schuhl, témoins de la recherche d’une unité de construction.


Ernest T, ‘L'artiste au travail’, 2009,
encre de Chine sur papier, 100 x 120 cm.
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Ernest T
Né en 1943 à Mons (Belgique), il vit à Paris.

L’artiste au travail, 2009, encre de Chine sur papier, 100 x 120 cm.

Avançant sous une identité d’emprunt inspiré d’un personnage comique américain, Ernest T. (né en 1943) est un artiste français situé dans la lignée des Arts Incohérents et de Dada.

Son œuvre écorne le milieu très codé et sérieux de l’art contemporain dans une entreprise conceptuelle subversive. À coups de détournements, manipulation d’images voire plagiat, rehaussés de jeux de langage et dessins caricaturaux, l’artiste observe le monde de l'art et ses turpitudes, ses cupidités et autres prétentions, sans chercher néanmoins à donner des leçons.

Entre l'affiche publicitaire et la propagande, la typographie du dicton d'Ernest T n'est pas sans évoquer le travail et la consommation. Mais il semble également en appeler, par opposition, à la réputation oisive de l'artiste.


Camila Oliveira Fairclough, ‘Paint every day’, 2017,
acrylique sur toile, 92 x 73 cm.
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Camila OLIVEIRA FAIRCLOUGH
Née en 1979 à Rio de Janeiro (Brésil), elle vit à Paris.

Paint every day, 2017, acrylique sur toile, 92 x 73 cm.

Artiste d’origine brésilienne, Camila Oliveira Fairclough place l’écriture au centre de son travail de peinture. Elle utilise les lettres pour leur aspect esthétique et considère l’alphabet comme un répertoire de formes. Elle s’inspire du mouvement néo-concret brésilien qui rejette une pratique purement rationaliste pour redonner sa place à la sensibilité et à l’imagination. Sa production artistique se rapproche également du Pop Art avec des références à la réalité : textes publicitaires, paroles de chansons, emojis, etc.

Son œuvre Paint every day est un de ses messages incisifs, proche du dicton ou du slogan : on est frappé par l’écriture colorée qui surgit d'un fond gris. L’artiste évoque elle-même ce rapport entre motif et fond : « Parfois la réserve isole le motif, parfois le motif vient isoler la réserve. Chacun de mes tableaux est construit sur ce rapport peint - non-peint. »


Emmanuelle Lainé, ‘Stellatopia’, 2012, affiche, impression sur papier, 195 x 260 cm.
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Emmanuelle LAINÉ
Née en 1993 à Maisons-Alfort, elle vit à Pantin.

Stellatopia, 2012, fichier numérique destiné à la réalisation de tirages d’exposition sur papier à contrecoller au mur.
Collection Frac des Pays de la Loire, acquisition en 2012.

« Je pense aux espaces que je crée comme des espaces de travail ou des abris. J’aime l’idée que les espaces entre les calques de l’image puissent être des interstices où vous pourriez vous cacher ou disparaître». L’œuvre d’Emmanuelle Lainé repose ainsi sur chaque lieu d’exposition pour interagir avec le contexte architectural. Ses images numériques, de grand format et haute définition, sont collées à même les murs. Avec ce dispositif, ses images jouent pleinement leur rôle de média : d’intermédiaire entre le lieu, le public et l’artiste.

Avec la série de photographies Stellatopia, Emmanuelle Lainé capture des pièces inachevées en plein atelier grâce à l’intermédiaire du photographe d’exposition André Morin. Alternent ainsi matériaux mis en scène, œuvres en suspend et rebus réagencés. Emmanuelle Lainé témoigne de l’indécidabilité du sujet photographique entre état des lieux et ouverture vers une fiction possible.


Gilles Mahé et Jean-Philippe Lemée, ‘Dessins à Saint-Herblain’, 1994-1997, 29 affiches, 63 x 83 cm chacune.
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Gilles MAHÉ, Jean-Philippe LEMÉE
Gilles Mahé est né en 1943 à Guimgamp, il décède en 1999. Jean-Philippe Lemée est né en 1957 à Lamballe, il vit à Rennes.

Dessins à Saint-Herblain, 1994-1997, de la serie N.C.D.G.Q.A.D. (Nous Cherchons Des Gens Qui Aiment Dessiner). 29 affiches-catalogues encadrées, dessins, photographies couleur, enveloppes et divers documents, cadres en bois, dimensions variables.
Collection Frac des Pays de la Loire, acquisition en 1996.

Cette installation réunit un ensemble de dessins et appartient à une série beaucoup plus vaste nommée NCDGQAD. Créée en avril 1994, l’Association NCDGQAD (Nous Cherchons Des Gens Qui Aiment Dessiner) est une sorte d’école de dessin par correspondance.

Elle a compté plus de 1500 participants de 10 pays différents. Chaque mois dans le magazine de vente par correspondance APC une annonce était passée sur un thème variable pour réaliser un dessin à envoyer par voie postale. En retour, avec leur dessin annoté, les participants recevaient une affiche, à tirage limité, regroupant en réduction l’ensemble des réalisations du mois. Les images ici sont considérées comme des éléments de transaction et des lieux de rencontre. Gilles Mahé et Jean-Philippe Lemée revisitent le Mail Art pour aborder des questions aussi diverses que la rémanence des images, la transmission ou encore l’économie de l’art. Par la suite, grâce à ces stocks de dessins plus ou moins anonymes accumulés au fil des ans ils organisent une véritable réserve de motifs et d’imaginaires pour réaliser des affiches ou des ensembles qui reconstituent à leur tour un tout.


Mladen Stilinović, ‘Sans titre’, 1990, acrylique sur bois, 24 x 24 x 0,5 cm.
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Mladen STILINOVIC
Né en 1947 à Belgrade (Ex-Yougoslavie, actuelle Serbie), il décède en 2016.
‘Sans titre’, 1990, acrylique sur bois, 24 x 24 x 0,5 cm.
Collection Frac des Pays de la Loire, acquisitions en 2014.

Mladen Stilinovic est l’une des figures incontournables de l’art croate dont le travail à pris forme dans la Yougoslavie socialiste et totalitaire de Tito. Par des modes d’expression sans limite - film, action, collage, texte et livres d’artiste - il développe ses recherches sur le discours politique, les signes idéologiques et leur imbrication dans le quotidien. En 1975 il devient membre co-fondateur du Groupe des six artistes engagé contre la société idéologisée. Ils seront qualifiés par l’art conservateur de «nouvelle pratique artistique».

Mladen Stilinovic explora toute sa vie les mythes contemporains : le temps, l’argent, le travail, le pouvoir et la communication qu’il manipule et remet en perspective (il gaspille le temps, l’argent redevient papier,…). Alors que le langage occupe une place centrale dans son travail, il débute en 1990 ses «œuvres blanches» où il utilise le blanc pour recouvrir des images. Le silence prévaut alors sur le récit et convoque à la fois pour l’artiste l’absence, la pauvreté, l’absurdité et la douleur. Dans ce sillage, l’œuvre Sans titre semble muette. Pourtant, elle se gorge de références précises : de la composition, post suprématiste et proche du carré noir sur fond blanc de Malévitch, au rouge communiste quelque peu éclairci.


Allan McCollum, ‘Sans titre (de la série Surrogate Paintings)’, 1980, acrylique sur carton et bois.
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Allan MC COLLUM

Né en 1944 à Los Angeles (États-Unis), il vit à New-York.

Serie Surrogates Paintings, 1980, acrylique sur carton et bois, dimensions variables.
Collection Frac des Pays de la Loire, acquisitions en 1991.

Chacune des séries d’Allan Mc Collum comprend un très grand nombre de pièces qui malgré leur apparente similitude, sont toutes différentes les unes des autres (en taille et couleur). La particularité de la présentation, qui met habituellement l’accent sur la quantité, fait allusion à la notion de collection et aux codes muséographiques en même temps qu’elle questionne le statut de marchandise de l’œuvre et ses modes de distribution.

Dès la fin des années 1960, Mc Collum s’engage dans un travail d’analyse et de définition de la peinture et du mode de production des œuvres. Il réalise ainsi des tableaux en bois constitués d’un rectangle central, d’un passe-partout et d’un cadre entièrement recouvert d’une seule couleur. Les tableaux Surrogates Paintings (Peintures de substitution) de la collection du Frac des Pays de la Loire sont issus de ces séries, que l’artiste déclinera ensuite en noir et blanc, en clin d’œil à la photographie.


Emmanuel Pereire, ‘Mélange (...) façon peinture abstraite’, 1991, acrylique, poudre de marbre, enduit et colle sur toile, 38 x 46 x 2,7 cm.
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Emmanuel PEREIRE
Né en 1930 à Paris, il décède en 1992.
Mélange d’un vert et d’un blanc façon peinture abstraite, Mélange d’orange dominant façon peinture abstraite, Mélange d’orange avec du vert et du bleu façon peinture abstraite, Mélange d’un vert bleu façon peinture abstraite, 1991, acrylique, poudre de marbre, enduit et colle sur toile 38 x 46 x 2,7 cm chacune.
Collection Frac des Pays de la Loire, acquisitions en 1997.

Formé à la peinture et au dessin dans l’atelier de Fernand Léger, l’œuvre d’Emmanuel Pereire, irréductible et inclassable, ne s’affirme jamais aussi bien que dans la sollicitation des contraires et dans la fascination exercée par des artistes comme Piet Mondrian ou Edvard Munch, entre l’ordre et le chaos, le vide et le plein, le silence et le tumulte. Emmanuel Pereire est un peintre qui donne à voir de la peinture, comme matériau et l’objet même de son propos. Il produit des œuvres d’une originalité absolue, qui reste comme en suspens, en attente de la suite.

Emmanuel Pereire observe, analyse et expérimente la couleur. Ses mélanges et inventaires de couleurs exaltent les couleurs pures ou combinées. L’artiste y questionne l’essence même du travail pictural et présente son inventaire comme «des flèches préhistoriques ou des silex dans un musée». Par son investigation de la couleur, Emmanuel Pereire s’allie à une pratique conceptuelle de la peinture.



Alighiero Boetti, ‘Rosso Palermo’, 1967, peinture sur carton et liège contrecollé sur aluminium, 71 x 71 x 3 cm.
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Alighiero e BOETTI
Né en 1940 à Turin (Italie), il décède en 1994.

‘Rosso Palermo’, 1967, peinture sur carton et liège contrecollé sur aluminium, 71 x 71 x 3 cm.
Collection Frac des Pays de la Loire, acquisition en 1987.

Issu de l’Arte Povera, Alighiero e Boetti aime travailler les matériaux bruts. Lorsqu’il commence ses œuvres qu’on nomme panneaux de couleurs ou monochromes, Alighiero e Boetti s’inspire de la main mise de FIAT sur la ville italienne de Turin. L’usine participe alors à part entière à l’indentification culturelle de la ville d’où est originaire l’artiste. Cependant, dans l’œuvre Rosso Palermo, il n’est plus question de vendre un objet de couleur mais bien de donner à voir la couleur même. La couleur industrielle, inventée par des firmes comme Max Meyer & Lechler pour des usines telles que FIAT ou Maserati, est présentée dans son état brut avec un code et un nom qui l’exposent dans sa forme commerciale. Le mot est, chez Alighiero e Boetti, tout aussi important que l’objet. Il matérialise le concept que nous avons sous les yeux et, ce faisant, il donne une forme et un poids au détournement latent qui s’opère dans la réalisation de l’œuvre. Ici, la couleur est appliquée sur le carton à l’aide d’un spray tout comme l’industriel l’applique sur la carrosserie des voitures. Mais de l’objet ne subsiste que la couleur même : pur concept. Ce monochrome rappelle le pont effectif entre art conceptuel et Pop Art que Alighiero e Boetti synthétise et dépasse allégrement.


Annette Kelm, ‘Big Print #5 (Fazenda Lily - Gray Background - Cotton Fall 1947 Design Dorothy Draper, Courtesy Schumacher & Co)’, 2007, c. print,115 x 103 x 4,5 cm.
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Annette KELM
Née en 1975 à Stuttgart (Allemagne), elle vit à Berlin.

Big Print #5 (Fazenda Lily - Gray Background - Cotton Fall 1947 Design Dorothy Draper, Courtesy Schumacher & Co), 2007, photographie couleur 115 x 103 cm.
Collection Frac des Pays de la Loire, acquisition 2012.

Les photographies d’Annette Kelm semblent perpétuer sans grandiloquence les formes classiques de la représentation photographique : ses natures mortes, portraits, images d’objets, paysages, architecture sont produits dans des formats standard, selon des techniques de studio souvent conventionnelles ou en extérieur. Ses photographies sont réalisées à l’ancienne avec des appareils analogiques, et tirées à la main. Les œuvres d’Annette Kelm trahissent un intérêt pour les contextes historiques, l’histoire des industries, l’artisanat, le design.

L’œuvre de la collection du Frac prend pour sujet, en plan serré, un tissu à motifs floraux utilisé par la papesse de la décoration d’intérieur américaine Dorothy Draper. Première femme décoratrice d’intérieurs, Dorothy Draper conçoit des intérieurs opulents et à l’opposé du minimalisme. Annette Kelm se dit intriguée par l’aspect théâtral qui émane des créations de Dorothy Draper. L’illusion créé par ce cadrage – on pense se trouver face à une tapisserie alors qu’on regarde une photographie – est caractéristique de la pratique de l’artiste allemande, qui pose la question de l’ambivalence de l’image.


Véronique Joumard, ‘Claude, Mazda, Philips’, 1990,
fil électrique, interrupteur, néon, dimensions variables.
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Véronique JOUMARD
Née à Grenoble en 1964, elle vit à Paris.

Claude, Mazda, Philips, 1990, prise, fil électrique, interrupteur, tube néon, starter et transformateur, 154 x 204 cm.
Collection du Frac des Pays de la Loire, acquisition en 1991.

Chez Véronique Joumard, on pourrait répertorier tout l’outillage et les éléments d’une mallette d’électricien : interrupteurs, câblages, multiprises, ampoules, néons, résistances électriques… Il semble que l’artiste ait effectivement développé un goût prononcé pour l’électricité et ses constituants. Elle a commencé par photographier le soleil et la lune, les éclairs aussi, puis des bougies, des lampes, des ampoules, ou même les trois tubes cathodiques du vidéo projecteur… En s’arrêtant sur ces points de lumière, tant naturels qu’artificiels, visibles ou invisibles, elle attire notre attention sur les sources de la lumière. Tout en insistant sur le paradoxe que si la lumière se montre alors, elle n’en est pas moins celle qui permet de voir, et à fortiori de se faire voire. Ses œuvres, protéïformes, sont de véritables sculptures dynamiques de part animées par des flux électriques qui prennent en compte l’intelligence des matériaux utilisés et mettent en avant un détail architectural. L’espace de monstration est primordial et conditionne l’accomplissement de l’œuvre.


Ana Jotta, ‘Cassandra’, 2016,
papier peint, dimensions variables.
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Ana JOTTA
Née en 1946 à Lisbonne, où elle vit.

Cassandra, 2016, papier-peint, dimensions variables.
Collection Frac des Pays de la Loire, acquisition en 2017.

Ana Jotta opère dans le milieu du cinéma avant de se consacrer aux arts visuels dans les années 1980. Dans la solitude de l’atelier tant désirée par l’artiste, Ana Jotta y explore tous les champs artistiques - peinture, sculpture, photographie, installation - conjugués à des techniques aussi diverses que la poterie, la couture ou encore la broderie qui compte pour elle, autant que la peinture. Collectionneuse, l’artiste mène à elles de multiples images et objets qu’elle rencontre puis qu’elle assemble et relie par séries dans les lieux d’expositions.

Cassandra est un papier peint issu des footnotes (notes de bas de page) constitués par l’artiste au fil du temps comme une inépuisable réserve : souvenirs, images, objets, dessins, célèbres ou inconnus. Ces notes de pages ont été compilés en 2014 dans un livre puis prennent la forme d’un papier peint intitulé Cassandra, d’après celle qui fut condamnée à voir l’avenir le plus sombre sans jamais être crue. Le papier-peint envahit l’espace comme une projection d’une incroyable banque d’images.


Ana Jotta, ‘Cassandra’, 2016,
papier peint, dimensions variables.
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Kristin Oppenheim, ‘Through an open window’, 1992, cassette audio numérisée, lecture en boucle.
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Kristin OPPENHEIM
Née en 1959 à Honolulu (États-Unis), elle vit à New-York.

‘Shake Me’, ‘Cry Me a River’, ‘She had a heavy day’, ‘Through an open window’, ‘Shiver’, ‘The Spider and I’, ‘Starry night’, installations sonores, 1992, boucle.
Collection Frac des Pays de la Loire, acquisition en 1993

Depuis le début des années 1990, Kristin Oppenheim travaille à des sculptures vocales, des œuvres chantées et expérimente le “placement physique de la voix dans l’espace”. Héritière de la poésie phonétique dadaïste et des préceptes de l’art minimal, Kristin Oppenheim réhausse le pouvoir émotionnel de la voix par le simple son de la sienne.

Le Frac des Pays de la Loire possède un ensemble d’enregistrement dont Cry me a river fait parti. Chaque enregistrement laisse entendre la voix de l’artiste chantant une phrase musicale souvent tirée d’un air populaire ou composée par Kristin Oppenheim elle-même. Écrite en février 1992, Cry me a river est une adaptation d’une chanson de Lesley Gore. Seul le titre est imaginé par l’artiste. La formule est reinterprétée de mémoire et répétée en boucle, créant une incantation obsédante qui s’immisce et s’inscrit dans la mémoire du visiteur.

Kristin Oppenheim cherche à provoquer une sensation, une émotion. La voix s’approche, enveloppe en douceur et éveille l’attention. L’espace d’exposition devient alors un terrain de résonance d’une voix désincarnée.


Niele Toroni, ‘Calendrier’, 1980, peinture glycérophtalique sur papier, 105 x 75 cm, 12 feuilles.
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Niele TORONI
Né en 1937 à Muralto (Suisse) il vit à Paris.

Calendrier, 1980, empreintes sur 12 feuilles de papier, peinture glycérophtalique sur papier, 105 x 75 cm
Collection Frac Grand Large – Hauts-de-France.

Toujours selon le même processus, le même rituel : des empreintes de pinceau n°50 écartées de 30cm sur différents supports, Niele Toroni réalise des œuvres qui, comme nos gestes quotidiens, se répètent sans s'épuiser. Il évoque ainsi sa démarche artistique : « C’est toujours la même chose me paraît vraiment être l’excuse la plus stupide ; de qui dirait : marcher c’est faire toujours la même chose ». Il ne recherche donc pas la nouveauté mais le geste.
À la fin des années 60, il fonde le groupe artistique BMPT avec Daniel Buren, Olivier Mosset et Michel Parmentier qui a pour objectif de réduire l'expression artistique à des processus stricts. L'œuvre d'art est réduite à sa matérialité, elle ne cherche à délivrer aucun message. Il s'attache surtout à investir un espace et un support, à « remplir tout ce qui est blanc et créer la forme sans idée préconçue ni préalable ».


Marie Bourget, ‘Sans titre (Miroir)’, 1986, peinture émaillée sur aluminium, 99,5 x 84 cm, cartel 8,3 x 10 cm.
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Marie BOURGET
Née en 1952 à Bourgoin-Jallieu (Isère), elle vit à Nice.
Sans titre (Miroir), 1986, peinture émaillée sur aluminium 99,5 x 84 cm et 8,3 x 10 cm.
Collection Frac des Pays de la Loire, acquisition en 1986.

L’art de Marie Bourget se distingue par une épuration extrême des formes, des couleurs et des matériaux et une esthétique graphique et stylisée. Elle interroge, avec humour et poésie, le regard et le langage par des jeux de références à l’histoire de l’art et ses codes de représentation.

Marie Bourget emploie l’image stéréotypée par des années de convention picturale : le miroir. Dans la peinture classique, de Van Eyck et Velasquez en passant par Ingres et Matisse, le miroir est vu comme un tableau dans le tableau, dont souvent il révèle le secret et l’origine. La bande dessinée a mis au point un code de représentation du miroir comme absence d’image. Il y est indépendant de l’image qu’il reflète.

C’est la réactivation d’un code, à la fois dérisoire et commun, qui permet à l’artiste de montrer ce prodige : un miroir grandeur nature qui ne reflèterait rien, rien que sa propre image – comme une ponctuation à ce rêve qui hante la littérature, de Lewis Carroll à Borges. Ce miroir acquiert alors une autre fonction, un autre statut et se fait œuvre. Cette transformation est soulignée par la présence d’un cadre et d’une petite plaque au faux air de cartel.


Karen Knorr, ‘Country life’, 1984, photographie noir et blanc légendée de, encadrée sous verre, 62,6 x 53,3 x 3 cm.
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Karen KNORR

Née en 1954 à Francfort-sur-le-Main (Allemagne), elle vit à Londres.

Série Country Life, 1984, photographie noir et blanc légendée, encadrée sous verre, 62,4 x 53,2 x 3 cm chacune.
Collection du Frac des Pays de la Loire, acquisitions en 1986.

Karen Knorr est photographe et travaille par séries. À travers son regard d’artiste, elle critique avec beaucoup d’ironie la bourgeoisie anglaise. Pour cela, elle reprend certains codes de la peinture classique (composition et cadrage rigoureux, recherche de perfection, mise en scène fouillée).

L’œuvre présentée ici appartient à la série Country Life dans laquelle l’artiste utilise le noir et blanc. En associant à ses photographies des textes qui peuvent être lus comme le titre ou la légende, Karen Knorr suggère une interprétation critique. Architecture rigoureuse, lumière soigneusement distribuée, usage de la symétrie, toute cette mise en formes exprime métaphoriquement les rituels d’une société hautement codifiée. Elle nous propose des images figées, dans lesquelles le sujet s’inscrit au milieu du décor. Sur chaque tirage, l’attention est focalisée sur un élément central (un dandy à la tenue irréprochable, une statue trônant sur son socle dans une nature extrêmement maîtrisée). Le format carré des photographies, qui rappelle le Polaroïd*, accentue cette mise en valeur du sujet.

*Polaroïd : photographie développée instantanément, sortant de l’appareil sur un papier qui laisse une marge blanche autour de l’image.


Julie Béna, ‘Monuments’, 2010, tirage sur papier couché fine art, 70 x 60 cm, 100 photographies.
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Julie BÉNA
Née en 1982, elle vit à Paris.

Monuments, 2010, photographie N&B, 70 x 60 cm.
Collection particulière.

Après une enfance plongée dans l'univers du théâtre, Julie Béna joue avec le quotidien en le déplaçant dans le cadre de la fiction et de la poésie dans son travail artistique. A travers la performance, la photographie, l’installation ou la vidéo elle propose des réinterprétations puisées autant dans la culture populaire que dans le théâtre, la mythologie ou le cinéma.

Son œuvre Monuments exprime la monumentalité de la mémoire à travers le changement des formes : malgré un mouchoir toujours différent lorsqu'il est tiré de sa boîte, qui se plie et prend des formes différentes, notre perception nous donne un même objet à voir. La photographie transforme un éphémère kleenex en stèle. Ce fragile papier se mue en effet en marbre blanc, souvent utilisé pour la construction des monuments nationaux ou civiques, traces, eux aussi, du passé.


Elsa Werth, ‘Perspectives provisoires,’ 2017, installation modulable (5 variations) sangle de coton, boucles, rivets, crochets métalliques, dimensions variables. Photo Fanny Trichet.
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Elsa WERTH
Née en 1985 à Paris, où elle vit

Perspectives provisoires, 2017, installation modulable (5 variations), sangle de coton, boucles, rivets, crochets métalliques, dimensions variables.

Elsa Werth développe ses projets autant pour l’espace de la galerie que l’espace public ou domestique. Ses travaux questionnent la place qu’occupent les objets et leurs usages. Chaises, boulons, enveloppes, compte instagram... Elle détourne les objets du quotidien et les gestes qui leurs sont associés. Elle fait apparaître par de petits déplacements leur potentielle abstraction pour nous libérer de leur fonctionnalité.

Pour son œuvre Perspectives provisoires, elle trace au mur avec des sangles de coton rouge des lignes temporaires qui redessinent l’espace. En créant des points de fuite artificiels qui altèrent notre vision de la salle d’exposition, elle propose littéralement au spectateur de nouvelles perspectives sur son environnement.


Raymond Hains, ‘Sans titre (Tourniquet de cartes postales)’, 1998, présentoir métallique, cartes postales, 186 x 55 x 55 cm.
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Raymond HAINS
Né en 1926 à Saint-Brieuc, il décède en 2005.
Sans titre (Tourniquet de cartes postales), 1998, de la série Le mot passe à travers, présentoir métallique, cartes postales.
Œuvre produite par le Frac des Pays de la Loire.
Collection Frac des Pays de la Loire, acquisition en 1998.

Se surnommant lui-même l’ « Hainsaisissable », Raymond Hains est un fervent adepte des jeux de mots, calembours visuels et contrepèteries en tout genre. Membre fondateur du Nouveau Réalisme aux côtés d’Yves Klein, Arman ou César, il est notamment célèbre pour ses photographies abstraites et « hypnagogiques » (produites avec des morceaux de verre cannelé) et ses affiches lacérées qu’il collectionne à partir de 1949, en préservant leur support métallique ou en les transférant sur toile. Il laisse ainsi une grande place au hasard et aux objets trouvés.

Cette œuvre regroupe 18 modèles de cartes postales d’une série inédite et fut créée à l’occasion de l’exposition de l’artiste en 1998 au Frac des Pays de la Loire intitulée « Lemot passe au travers ». Les images choisies ont été puisées dans l’atlas d’images récoltées méticuleusement à des moments différents de la vie de l’artiste : lors d’un voyage à Londres dans le cadre de l’exposition Yves Klein, à Nantes ou à Paris, dans ses œuvres antérieures, une photographie formée à partir d’une phrase de Paul Valéry,… Il relève les hasards, les rencontres entre l’histoire et les éléments urbains actuels et les relie par des jeux de mots.


Eva Taulois, ‘La Vénus / The Fun Never Sets’, 2017, polystyrène, plâtre, lycra, ouate, bois, roulettes, 176 x 90 x 80 cm.
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Eva TAULOIS

Née en 1982 à Brest, elle vit à Nantes.
La Vénus / The Fun Never Sets, 2017, polystyrène, plâtre, lycra, ouate, bois, roulettes 176 x 90 x 80 cm
Collection Frac des Pays de la Loire, acquisition en 2018.

Vêtements peints flottant comme des drapeaux, formes sculptées dans du tissus… Les créations de l’artiste nantaise Eva Taulois mêlent différentes influences : de l’abstraction géométrique au minimalisme et du patchwork artisanal au design industriel.

La Venus, est issue de l’exposition The Fun Never Sets au Centre d’art contemporain Les Capucins, pensée comme une ode à la fête et au soleil, comme son titre l’indique. Les domaines de la sculpture et de la couture se mélangent avec des éléments en plâtre, modelés, d’autres en tissus, plissés. En l’observant, on discerne peut-être des formes anthropomorphes : un bras, un jambe ou un tronc. La silhouette énigmatique et immobile peut cependant s'émouvoir dans l'espace grâce à des roulettes dissimulées.


LAb[au], ‘365’, 2016, installation sur la façade du Frac Pays de la Loire, panneau led, ordinateur, dimensions variables.
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LAb[au]
Manuel Abendroth est né en 1969 à Wels (Autriche). Jérôme Decock est né en 1973 à Bruxelles. Els Vermang est née en 1981 à Louvain (Belgique). Lab[au] est fondé en 1995 et est basé à Bruxelles.

365, 2016, acier, aluminium, pmma, électroniques, LED, ordinateur, logiciel générateur, dimensions variables.

Après un parcours en tant qu’architectes, Manuel Abendroth et Jérôme Decock rejoints ensuite par Els Vermang, fondent Lab[au], un studio artistique interdisciplinaire où l’architecture, le design, la musique ou encore le langage sont considérés sous le prisme des technologies actuelles. Le collectif crée principalement des œuvres interactives, des performances et des scénographies audiovisuelles pour lesquels il développe ses propres programmes et interfaces.

À la croisé de l’art conceptuel et de l’art numérique, l’œuvre présentée comme une enseigne lumineuse génère 1 mot par jour d’ouverture. Le choix des mots est piloté par un système génératif qui choisit aléatoirement une lettre après l’autre jusqu’à trouver une combinaison valide. Décrite comme une machine «auto-poétique» par les artistes, l’œuvre insuffle aux passants une nouvelle lecture du quotidien loin du paradigme métro-boulot-dodo.


Antonio Gallego, ‘Un lundi’, 1991-2021, affichage, offset, 24 x 100 cm.
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Antonio GALLEGO
Né en 1956 à Villennes-sur-Seine, il vit à Paris.
Un lundi, 1991, affichage anonyme, offset, 24 x 100 cm.

Véritable « perturbateur urbain » Antonio Gallego envisage l'art urbain – collage d'affiches sérigraphiées, distribution de tracts – comme un art de l'engagement, non pas au sens activiste du terme mais plutôt comme une lutte contre la monotonie du quotidien. Ses œuvres décalées et souvent humoristiques proposent au passant une nouvelle lecture de la ville. Il détourne des éléments urbains, affiche des messages poétiques ou des dessins intriguants. Un lundi fait partie de ses premiers collages d'affiches : dès 1989, il colle des mots qui semblent choisis aléatoirement et donnent une dimension absurde à la rue « un arbre » « un nu » « un ministre ». Même si certaines actions peuvent prêter à des interprétations politiques (comme le collage du nom de la ville « Sarajevo » en 1993, en référence à la guerre en Yougoslavie), la visée d'Antonio Gallego est avant tout de soulever des questions sur notre environnement quotidien et de créer des situations incongrues.